Toujours elle me fut chère cette colline solitaire et cette haie qui dérobe au regard tant de pans de l'extrême horizon. Mais demeurant assis et contemplant, au-delà d'elle, dans ma pensée j'invente des espaces illimités, des silences surhumains et une quiétude profonde ; où peu s'en faut que le coeur ne s'épouvante. Et comme j'entends le vent bruire dans ces feuillages, je vais comparant ce silence infini à cette voix : en moi reviennent l'éternel, et les saisons mortes et la présente qui vit, et sa sonorité. Ainsi, dans cette immensité, se noie ma pensée : et le naufrage m'est doux dans cette mer


L'Infini de Leopardi
[ Leopardi ]