Cravovie-Auschwitz, 23-26 mars 2023

A noter que les miradors sont tournés vers l'intérieur, pour surveiller les tentatives d'évasion.

Birkenau étymologiquement, c'est l'endroit planté de bouleaux. On en trouve, plantés après la Seconde guerre mondiale. L'endroit est calme et venteux. Quand nous le visitons, nous croisons des chevreuils, vision bucolique très décalée de l'horreur qu'ont connu ces lieux.

Il n'y a qu'une chambre à gaz encore en dur à Auschwitz, et elle n'est pas à Birkenau. Les nazis ont fait sauter toutes les installations avant l'arrivée des soviétiques en janvier 1945. Ce que nous voyons est l'extrémité d'une des quatre chambres à gaz "modernes" que comptait le camp. A gauche, c'est l'incinérateur des affaires personnelles, et juste en face c'est le crématorium, après que les victimes aient été gazées. Les Juifs entraient par la droite en croyant avoir droit à une désinfection après leur voyage en train.

Les Juifs entraient par le fond en descendant un escalier jusqu'à une salle souterraine où on leur demandait de retirer leurs vêtements. Ils allaient ensuite vers nous et tournaient jusqu'à la chambre à gaz.

Elle est complétement invisible sous les gravats, et peut-être est-ce mieux. La chambre à gaz n° 3 est hors d'accès car on y fait des travaux de restauration. J'ai un peu peur de ce qu'on va en faire...

La rampe de tri et le portail vus du nord.

Le site de Birkenau employait des dizaines de milliers de personnes. Il y avait donc de vastes citernes et retenues d'eau. En m'aventurant vers le nord-ouest du site, je suis frappé par son étendue et le travail que devait représenter son maintien en fonctionnement. Je comprends mieux pourquoi les récits de survivants mentionnent autant de tâches qui semblent banales, comme du terrassement.

Terrible ironie que l'aspect champêtre que peut prendre ce site.

Le site comporte des zones humides, qui étaient des nids d'épidémie, en hiver mais surtout en été.

Nous sommes tout au nord de Birkenau. Ici furent mis en service les "bunkers" 1 et 2, qui furent les ancêtres des chambres à gaz que nous avons vues. Sous ce champ, les nazis firent enterrer les premiers milliers de cadavres. Puis, face au risque de contamination de nappe phréatique, il les firent redéterrer et brûler. Ils firent ensuite un système de fosses où l'on entassait les corps sur des bûchers préparés. Le sol est encore rempli de petits bouts d'ossements.

Ce qui ressemble aux fondations d'une petite bergerie est le prototype des chambres à gaz. On y entassait jusqu'à 800 Juifs, puis un nazi mettait un masque à gaz et balançait du Zyklon B par une fenêtre avant d'en verrouiller le volet. Un aspect encore artisanal mais une horreur déjà terrifiante.

Dans la zone nord de Birkenau étaient entreposés dans de vastes baraques tous les effets personnels des Juifs gazés (jusqu'à 8 000 par jour). On considère que plusieurs dizaines de wagons d'effets triés partaient pour l'Allemagne chaque jour. L'argot des détenus appelait cette zone le Canada, terme connotant un lieu de grande richesse. On y trouvait toutes sortes d'objets. Tout fut incendié par les nazis avant de partir.

Des Juifs qui arrivaient à Birkenau, seuls 20% étaient considérés comme "aptes" et épargnés. Ils étaient réceptionnés dans le "sauna", véritable sas vers la vie de déporté d'Auschwitz, avec les principales étapes qu'on retrouve chez Primo Levi, Spiegelmann, etc... : déshabillage, rasage, tatouage, douche, photographie, distribution des pyjamas rayés récupérés des derniers détenus morts... tout cela suivait un circuit en U dont l'efficacité rappelle les zones de transit des aéroports, dans le bâtiment que l'on surnommait "le sauna".

Il y avait de petits bancs sur les côtés. On enlevait ses vêtements ici. On sortait ensuite par une porte au fonds à gauche avant de suivre le circuit en U.

Les vêtements étaient placés dans ces désinfecteurs à la vapeur afin de tuer les poux. Ils étaient récupérés de l'autre côté par des détenus avant d'être envoyés au Canada.

On ressent un grand froid en la traversant. Les pommeaux ne sont plus au plafond.

Beaucoup de barraques ont été détruites ; on a fait l'effort d'en reconstruire les cheminées afin de suggérer leur nombre. Birkenau était une vraie petites villes de squelettes vivants, entourée de barbelés.