Un souvenir si frêle que j'ai peur
De le voir s'enfuir comme un oiseau.
L'amour m'attend pour offrir à mon âme
Ses regards éblouis plein de ferveur
Aux frissons du soir qui l'enflamment
En attente d'une étreinte de la nuit.
Vous parlerai-je, un jour, de ces matins
De mon enfance où ma joie de vivre
Eclatait du bonheur ineffable d'aimer ?
J'entends encore le bruit furtif de mes pieds
Nus sur les dalles glacées du couloir désert
Qui embaumait la lessive et la pomme mûre.
Tant de joies se sont ternies aux tapis de feuilles
Où nous marchions le soir, devisant et joyeux.
J'ai encore dans mes yeux le reflet de ton ombre,
Et l'odeur de ton corps dans mes mains refermées.
Sens-tu, douce et fraîche, la caresse pluie d'été
Qui baigne ton visage et colle tes cheveux
Sur tes tempes bleuies par le froid de l'ondée
Que de ma main, bien vite, j'ai essuyées ?
Tout le reste n'est rien ! Que des souvenirs anciens,
Que cendres chaudes aux quatre vents de mes songes.
Et...Ce que l'on entend remuer sous la brise, c'est la voix
Un peu sourde du passé qui m'appelle et me tutoie...

Valéri@ne