De ses rouleaux mousseux et rageurs,

Elle vous enchaîne sans douceur

Pour vous attirer dans ses profondeurs.

Elle se fait amante toute en caresses

Quand elle ondule sous la brise en délicatesse.

Dans ses colères, elle tempête, meurtrière,

Gronde, dévoreuse d’hommes téméraires

Qui osent braver sa folie pour lui plaire.

Elle adoucit ses vagues aux ourlets des plages

En doux ressacs dansants et sages.

Elle marie le ciel à son horizon

En nous faisant songer à de lointaines évasions.

C’est une muse dont les poètes abusent

Chevauchant ses crêtes blanches et intruses,

Sauvage et souvent versatile,

Elément d’une nature hostile.

Dans son ventre, infinie immensité,

Elle renferme tant de marins sacrifiés,

Courageux, amoureux de leur destin.

Et toi, l’ami qui m’interpelle

Sur l’amour que j’ai pour elle,

Je suis rivière où coulent mes mots de miel

Qui dévalent son lit en tendres ritournelles…

Valéri@ne