A 18 ans, Maria Enders (Juliette Binoche), actrice alors débutante, a connu son premier grand succès en jouant dans la pièce d’un dramaturge célèbre qui vient de mourir. Elle y incarnait Sigrid, une jeune fille au charme vénéneux, qui séduisait sa patronne d’âge mur, Helena, puis la quittait, la poussant au suicide. Vingt ans plus tard, un jeune réalisateur en vogue (Lars Edinger) veut remonter la pièce en confiant à Maria le rôle d’Helena, tandis que Sigrid serait incarnée par la nouvelle coqueluche d’Hollywood, Jo-Ann Ellis (Chloe Grace Moretz), une jeune actrice trash à la réputation sulfureuse.
Bien qu’hésitant à accepter ce rôle de femme d’âge mur après avoir été une inoubliable Sigrid, Maria profite de son séjour à la montagne, où elle est venue rendre hommage au dramaturge décédé, pour répéter la pièce, avec l’aide de sa jeune assistante Valentine (Kristen Stewart). Mais à mesure qu’avancent les répétitions, la frontière entre fiction et réalité devient floue et les relations entre les deux femmes se tendent…


Olivier Assayas (Irma Vep, Clean, Carlos, Après Mai…) avoue s’être inspiré de Bergman et de Fassbinder pour mettre en scène ce drame psychologique sur fond de montagne suisses, qui explore, avec plus de subtilité et de profondeur que le dernier Cronenberg (Maps To The Stars), la condition d’actrice, le rapport à la célébrité et au temps qui passe.
Injustement oublié de Cannes, dont il a clos la compétition dans une relative indifférence, Sils Maria mérite plus de considération pour sa sortie en salles.La photographie est superbe et donne furieusement envie d’aller se balader dans les Grisons (où se situe le beau village de Sils Maria).La mise en scène est d’une belle fluidité, les dialogues sont remarquablement écrits, la confrontation entre Juliette Binoche et Kristen Stewart tient toutes ses promesses (la star de Twilight est épatante dans un rôle où elle joue en miroir avec sa propre célébrité) et l’arrivée de Chloe Grace Moretz (simili Lindsay Lohan encore fraîche) ajoute une dimension supplémentaire à cette mise en abyme déjà un tantinet vertigineuse. Du Assayas au (x) sommet(s)!