Chanteur de rock démissionnaire, dépressif chronique, buveur de bière invétéré et amateur de sniffette, Antoine (Gustave Kervern) , accepte, faute de mieux, un job de gardien d’immeuble et s’aperçoit rapidement que le voisinage est au moins aussi à la ramasse que lui. Notamment Mathilde (Catherine Deneuve), préidente du conseil syndical et bénévole dans une association humanitaire, qu’une fissure dans le mur du salon révèle à ses propres déchirures. Entre dérapages et inquiétudes, tous deux vont former un tandem maladroit, drolatique et solidaire, qui les aidera, peut-être, à traverser cette mauvaise passe.

On rit beaucoup dans le nouveau film de Pierre Salvadori. La mine ahurie de Gustave Kervern fait merveille dans le rôle du gardien d'immeuble azimuté (aurait-on trouvé le nouveau Michel Simon?) et Catherine Deneuve continue de creuser avec bonheur la veine tragicomique ouverte avec Potiche (François Ozon). Pourtant, le rire s’étrangle à mesure que le mal-être des différents personnages apparaît plus profond. Sans jamais se départir d’une apparente légèreté, Dans la cour dresse le portrait d’une société déboussolée et inquiète qui va droit dans le mur. Qu’elle s’agite follement (comme Mathilde, harcelant au téléphone les membres de son association humanitaire ou ameutant le quartier pour une simple fissure dans le mur du salon), ou préfère se cacher la tête dans le sable (ou dans la schnouf), tels Antoine et son camarade de défonce du troisième (Pio Marmaï, tordant)... Après quelques films dispensables, Salvadori, à son meilleur, retrouve la vista des Apprentis.