Dan, Kelliah et Louis sont trois étudiants d’une des meilleures écoles de commerce de France. Ils sont formés pour devenir l’élite de demain (la «crème de la crème») et sont bien décidés à passer rapidement de la théorie à la pratique.
Puisque les lois du marché peuvent aussi s’appliquer aux relations entre garçons et filles, ils vont monter un réseau de prostitution et transformer leur campus en laboratoire d’expérimentations sociales…
Après l’horrifique Sheitan (2006) et le carcéral Dog Pound (2010), Kim Chapiron s’intéresse pour son troisième long-métrage à la Génération Y, qui s’étourdit dans le sexe, l’alcool et la fête. Rencontre à Nice, entre avant première cinéma et after en boite de nuit, pour prolonger le Crème de la crème Tour


Quelles étaient vos intentions de départ avec ce film?

J’avais envie de parler de la jeunesse d’aujourd’hui, qu’on a baptisée Génération Y.Quand j’ai lu le traitement écrit par Noé Debré, j’ai été immédiatement séduit par l’univers qu’il décrivait : celui de grandes écoles, qui ont leurs propres règles, leurs codes, leur langage et leur folklore.Un endroit idéal pour faire du cinéma.
Quel rapport avez-vous avec vos trois héros?
Je suis avec eux, dans leurs pas.Je voudrais qu’on ait envie de les connaître plutôt que de les stigmatiser.

Même lorsqu’ils dérapent et montent un réseau de prostitution dans leur école?
Je suis né dans les années quatre-vingt, J’ai donc un pied dans leur génération et un pied dans la précédente.C’est une position intéressante pour les observer avec un peu de recul. Organiser ce réseau, c’est une manière froide de mettre en pratique les enseignements de leur école.Et en même temps c’est un dérapage d’ados.Cette contradiction les rend à la fois cyniques et vulnérables, donc attachants. Ce sont des personnages qu’on peut détester et adorer la seconde d’après.

La fin est assez surprenante.On vous attendait plutôt dans le trash que dans le romantisme…
J’assume les changements de registre.On part d’un college movie classique et on le tire vers autre chose.À la fin, c’est une histoire d’amour.La vraie transgression pour cette génération, qui multiplie les partenaires et est en contact permanent avec la pornograpie via internet, c’est de tomber amoureux.

Les scènes de fêtes sont très réalistes.Comment les avez vous tournées?
On s’est enfermés pendant une semaine dans un hôtel particulier du marais avec les figurants, pour la plupart eux mêmes issus d’écoles de commerce et tout ce qu’il fallait pour faire la fête. Justice et Mouloud sont venus mixer, on a tourné les trois scènes de fête dans la continuité.C’était génial. On continue sur la tournée promo : après chaque avant première, on organise une teuf!

Vous dites que ce film clôt une trilogie sur la jeunesse.Que ferez-vous ensuite?
On écrit une histoire sur la famille avec Noe Debré.J’aimerais pouvoir la tourner dans la région car mon père (l’illustrateur Kiki Picasso N.D.L.R) est Niçois et j’ai beaucoup de souvenirs de vacances ici.

Comment êtes-vous arrivé à la réalisation?

J’ai commencé par la BD, c’est le même type de langage. Ce qui m’a fait basculer vers la réalisation, c’est la rencontre avec Vincent Cassel et Mathieu Kassovitz, qui était mon voisin d’immeuble. On a fondé Kourtrajmé, une boîte de production de courst métrages avec Romain Gavras et on continue à travailler ensemble en co-réalisation sur nos longs métrages quand les scènes sont trop grosses ou que le planning de tournage est trop serré. Sur ce film, par exemple, Romain m’a filé un coup de main pour les scènes de fêtes.