Une femme disparaît.Des dizaines de thrillers commencent ainsi.Plus rarement un film social.C’est le cas de Nos Batailles, deuxième long-métrage de Guillaume Senez, révélé en 2016 avec Keeper, drame adolescent multiprimé en festivals.Ici, la soudaine disparition de sa femme, oblige un homme à assumer sa charge de père de famille.Ce qu’il avait largement oublié de faire jusque-là, trop pris par son job. Dans le rôle, Romain Duris, que l’on a plus l’habitude de voir dans des rôles de séducteurs «adulescents», prend une épaisseur qu’on ne lui connaissait pas.Ce n’est pas son premier rôle «mature», mais celui-là fera date. Guillaume Senez a l’art de faire oublier la vedette derrière le personnage. On le voit aussi avec Lætitia Dosch (en sœur baba cool) ou Laure Calamy (en collègue de syndicat qui l’aime en secret) pourtant déjà de nombreuses fois vues dans cet emploi.Tous sont cent pour cent crédibles devant la caméra du réalisateur Belge, que l’on affilierait à tort à l’univers Dardenne (il se réclame plutôt de Mike Leigh). Cela tient peut-être à la méthode originale que Guillaume Senez a développé depuis Keeper.Il ne donne à ses acteurs qu’un scénario sans dialogues et les contraint à trouver eux-mêmes sur le plateau les répliques de chaque scène.«Ce n’est pas vraiment de l’improvisation, car les dialogues sont écrits au mot près et il sait exactement ce qu’il veut qu’on dise», raconte Romain Duris qui a «adoré» tourner ainsi pour la première fois.«Cela donne plus de vérité aux scènes et force l’empathie du spectateur pour les personnages», estime le réalisateur.De fait, l’histoire n’est pas très originale et comme le scénario ne force ni le suspens, ni la dramaturgie on pourrait vite se désintéresser du sort minuscule d’Olivier et de sa petite famille.Or, ce n’est pas le cas.On ne s’ennuie jamais et on est à fond avec eux… Dans la bataille!