1915. À la ferme du Paridier, les femmes ont pris la relève des hommes partis au front. Travaillant sans relâche, leur vie est rythmée entre le dur labeur et le retour des hommes en permission. Hortense, la doyenne (Nathalie Baye), engage une jeune fille de l’assistance publique pour les seconder. Francine (Iris Bry) croit avoir enfin trouvé une famille…

Après une incursion du côté de la comédie dramatique avec La Rançon de la gloire, bon film mal accueilli, Xaxier Beauvois revient à la veine historique et sociale qui a fait son succès, avec Des hommes et des Dieux (Grand Prix de Cannes 2010).Aimant mélanger les comédiens inconnus et les stars («C’est quand même pour elles que je fais ce boulot» confie-t-il), Beauvois embarque cette fois dans l’aventure Nathalie Baye et Laura Smet, réunies pour la première fois au cinéma (elles avaient déjà joué mère et fille dans la série Dix pour cent) et la révélation Iris Bry, jeune bibliothécaire castée dans la rue, qui est l’héroïne du film.
Pour rendre ce bel hommage aux femmes qui ont tenu les terres pendant que leurs maris et fils se faisaient massacrer dans les tranchées de la «Grande Guerre», le réalisateur a installé sa troupe dans une ferme de Haute-Vienne, où les comédiennes ont dû apprendre le travail des champs et à s’occuper du bétail. De fait, la première partie du film est presque documentaire: «On ne peut pas être ému par des gens si on ne connaît pas leur vie» professe Beauvois.Dans la seconde, on s’attache au destin de Francine, l’employée de ferme recrutée pour remplacer les deux fils partis à la guerre.Cela pourrait ressembler à une dramatique de l’ORTF ou, pire, à une saga de l’été sur TF1.Mais comme dans Des Hommes et des Dieux, Xavier Beauvois transcende son sujet.Visuellement, le film est d’une beauté à couper le souffle.La moindre image est une toile de maître.Mais comme le dit Beauvois: «Il ne s’agissait pas, non plus, de faire le musée d’Orsay». Les rapports entre la mère, la fille, les frères qui viennent en permission et la nouvelle venue si attachée à bien faire, sont étudiés sans psychologisme.La dénonciation de la guerre passe par la réticence à en montrer les images (une seule scène: celle du cauchemar d’un des frères). L’émotion est contenue, mais elle est présente partout, tout le temps.Quand un des deux frères part sur le chemin et disparaît dans la brume (comme les prêtres dans le plan final de Des Hommes et des Dieux) on sait qu’on ne le reverra pas.Tout est dit.Magnifiquement