Pour les 40 ans d’Exodus, le chef d’œuvre de Bob Marley (paru en juin 1977), son fils Ziggy en a réalisé une nouvelle version, intégrant des prises vocales et instrumentales non utilisées à l’époque.Une re-découverte...

C’est d’abord un disque d’exil.En décembre 1976, six hommes armés tirent sur Bob Marley et sa femme Rita, à leur domicile de Kingston.Rita est blessée à la tête.Pour ne pas mourir assassiné, le prophète rasta quitte la Jamaïque et s’installe à Londres. Son producteur, Chris Blackwell, met à sa disposition les studios Island.Pour son premier disque enregistré hors de Jamaïque, Marley dispose de moyens de production enfin dignes de son génie: il en fera bon usage. De janvier à mai 1977, Marley enregistre sans relâche avec son groupe les Wailers, peaufinant le son et les arrangements d’assez de chansons pour remplir deux albums.Le premier est publié en juin 1977 sous le titre Exodus.Le second, Kaya, sortira quelques mois plus tard en 1978. Au moment de célébrer le 40e anniversaire du disque qui a fixé la légende du prophète rasta, son fils Ziggy s’est replongé dans les bandes d’enregistrement de l’époque.Il en a exhumé des parties vocales et instrumentales inédites, en quantité si importante que l’idée lui est venue de proposer une version alternative du chef-d’œuvre de son père.Cet Exodus 2 a été joint à la version originale remastérisée dans l’édition anniversaire de l’album.Et c’est une véritable redécouverte…
Un autre disque
À première vue pourtant, seul l’ordre des titres semble avoir été modifié.Mais dés l’entame de la chanson «Exodus», placée en ouverture alors qu’elle ne figurait qu’en fin de première face dans l’édition originale, la différence saute aux oreilles.Ziggy a coupé l’intro, qui montait lentement, pour entrer directement dans le vif du sujet.Le son des guitares de Junior Marvin, qui faisait ses débuts avec les Wailers, est plus tranchant.Le message de la chanson n’en paraît que plus actuel: comment ne pas songer aux migrants d’aujourd’hui lorsque Marley chante «movement of Jah people»?Les guitares sont aussi plus présentes dans la nouvelle version de «Turn your lights down low». Mais ce sont les prises vocales différentes qui cueillent le fan.Quand on a usé les deux faces d’Exodus au point que le disque vinyle n’a plus que l’épaisseur d’une feuille de cigarette, les larmes viennent aux yeux en écoutant Marley chanter «One Love» comme si c’était la première fois (et peut-être l’était-ce?).Le reste est à l’avenant. C’est un autre disque, mais toujours le même chef-d’œuvre, classé «Meilleur album du XXe siècle» par Time Magazine.
Et comme un bonheur ne vient jamais seul, la version Deluxe 3CD propose un live de 8 titres enregistré au Rainbow Theatre en juin 1977 pour la sortie de l’album. Avec, entre autres, une version renversante de «Jamming» qui rappelle ce qu’étaient les concerts de Bob Marley & the Wailers: des moments de partage à nuls autres pareils. Ceux qui ont eu la chance d’assister au concert du Stade Mayol à Toulon, trois ans plus tard, peuvent en parler. C’était le 26 juin 1980.Encore un anniversaire!