C'est dans un restaurant Corse très cosy de l'avenue Malakoff à Paris que l'on retrouve Sylvie Vartan , toujours pimpante et souriante, pour parler du Symphonic Tour , sa tournée symphonique avec l'ensemble instrumental de Corse, qu'elle lancera le 1er aout à Ajaccio et qui passera notamment par Géménos (le 3/8) et Nice (le 4/8) avec en première partie le chanteur Corse Christophe Mondoloni. Une tournée imaginée par Georges Attard, patron de Concept Event, jeune société de production de l'ile de Beauté pour promouvoir ses charmes et faire découvrir la richesse de sa culture...


Sylvie Vartan ambassadrice de la Corse, c'est étonnant non?
Pas tant que ça. Certes, cela fait trop longtemps que je n'y ai pas chanté ( la dernière fois ce devait être dans les années 80 je pense), mais c'est une ile où j'adore venir en vacances et dont les villages me rappellent ma Bulgarie natale. Je viens souvent à Ile Rousse chez mon ami Charley Marouani. J'y ai de grands souvenirs de parties de pétanque acharnées. Tout cela pour dire que lorsqu'on m'a proposé le concert d'Ajaccio et cette petite tournée dans le sud , j'ai dit oui avec beaucoup d'enthousiasme. Je m'en réjouis d'avance.


Pourquoi avoir choisi de refaire le concert symphonique de Pleyel?
Je ne l'ai fait qu'une fois, en novembre 2011, et je trouvais dommage que le public ne puisse pas en profiter autrement qu'en DVD ou en CD. C'était tellement merveilleux de chanter mon répertoire avec un orchestre symphonique et les arrangements sont si bons que c'aurait été dommage de ne pas le refaire. Mais c'était difficile d'emmener l'orchestre symphonique de Bulgarie sur la route, cela coute très cher et ils ont beaucoup d'engagements. Lorsque Georges Attard m'a proposé d'être accompagné par l'ensemble instrumental Corse , j'ai trouvé l'idée merveilleuse. On a commencé à travailler avec Pascale Jeandroz, qui le dirigera sur la tournée, et je suis certaine que ça fonctionnera très bien. C'est la première fois que je travaille avec une femme chef d'orchestre et cela ajoute encore à ma joie et à ma fierté de présenter à nouveau ce beau spectacle.


Aura-t-on le plaisir de vous entendre chanter en langue Corse?
Je n'y avais pas pensé, mais pourquoi pas ? Ce serait amusant d'essayer !


Que ferez vous après cette tournée d'été ?
On prolongera peut être un peu en Belgique et en Suisse à l'automne, mais j'ai aussi très envie de retourner vers une musique plus électrique. Comme j'avais fait un disque country à Nashville, il y a très longtemps, avec les musiciens d'Elvis Presley, j'ai eu l'idée d'y retourner enregistrer des reprises d'autres chansons que j'aime beaucoup. On va le faire en avril - mai. Ça sera "Back to Nashville" ! (Rires) C'est un projet très excitant, car ces dernières années, j'ai abordé mes tours de chants d'une manière beaucoup plus classique et mélancolique. J'adore chanter la mélancolie et j'ai plein de chansons pour ça, mais je ressens maintenant le besoin de revenir à quelque chose de plus joyeux et rythmé, pour montrer, à nouveau, l'autre facette de ma personnalité. Car ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas que mélancolique. J'aime m'amuser et rire aussi ! (dit-elle en riant)


Qu'est ce qui guide vos choix ?
La passion uniquement. Que ce soit dans ma vie professionnelle ou privée , je me suis toujours décidée seule et sur des coups de coeur. Jamais par raison. Si je commence à trop réfléchir, je me perds: ça me paralyse et je n'avance pas.




Avez-vous lu la nouvelle bio de Johnny ?
Non, ce n'est pas utile, je connais déjà l'histoire. La vraie, je veux dire (rires)


Il dit de vous "Cette fille-là m'a fait beaucoup de bien"
C'est sympathique ! (Rires). Je vais vous dire, on m'a envoyé l'autre jour une photo de nous deux à 19 ans... Quand je la regarde, je me dis que c'était vraiment une histoire magnifique. On ne peut pas la déliter. Elle est tatouée dans nos coeurs. On était jeunes, on découvrait la vie et on était poussé par cet amour du public à un degré qu'on a du mal à imaginer. C'était parfois difficile à vivre pour les enfants que nous étions. Notre amour était passionnel, tout était passionnel, rouge vif , or vif... Ca ne laisse pas indemne, mais ce sont de beaux souvenirs.


La nostalgie des années 60 est toujours vivace. Comment expliquez-vous cela?
C'était une époque innocente et sincère. Quand je pense qu'on nous prédisait de disparaitre au bout d'un an et qu'on est toujours là, après tout ce temps ! Qu'est ce qu'on n'a pas entendu !


Vous avez publié l'an dernier un abécédaire intitulé Mot à mot. Si vous ne deviez en garder qu'un ce serait lequel?
Enfance, parce qu'il me parle de la mienne, de celle de mes enfants et petits enfants. De mes parents aussi et de l'esprit d'innocence qu'il faut garder quand on fait ce métier.


Vous écrivez toujours?
Oui, je voudrais arriver à finir le livre sur ma mère que je porte depuis longtemps déjà. Il me permet de rester avec elle, pendant que je continue de l'écrire, jour après jour . Mais sera probablement le prochain livre que je publierai.




Repères


15 aout 1944 naissance à Iskretz ( Bulgarie)
1952 arrivée en France
1961 duo avec Frankie Jordan, premier 45 tours, premier Olympia
1965 épouse Johnny Hallyday
1966 naissance de David Hallyday
1980 divorce
1984 se remarie avec Tony Scotti
1994 premier grand rôle au cinema dans l'Ange noir de Jean Claude Brisseau
2004 autobiographie ( Entre l'ombre et la lumière chez XO)
2009 légion d'honneur
2011 débuts au theatre dans L'amour , la mort, les fringues
2012 publie Mot à Mot au Cherche Midi
2013 tournée symphonique

Pour mémoire , voici mes deux précédentes interviews de Sylvie Vartan parues dans Nice Matin

Sylvie Vartan : « Pour moi, Johnny aura toujours 20 ans »

A 59 ans, la blonde égérie des yéyés signe un retour en force avec une
autobiographie, un nouvel album,

une série de concerts parisiens et une exposition de ses costumes de scène

On navait plus vu pareil déferlement médiatique depuis les soixante ans
de Johnny. A 59 ans, Sylvie, dont le destin reste décidément lié à celui
de son célèbre ex-mari, est partout ces jours-ci. On ne voit quelle dans
la presse, à la télé, dans les librairies, chez les disquaires et même au
musée (de la mode) ! A peine a-t-elle quitté sa retraite californienne
quelle enchaîne les interviews et les plateaux télé. Au menu : ses
mémoires (« Entre lombre et la lumière » chez Xo), un nouvel album («
Sylvie » chez Mercury), une série de concerts au Palais des Congrès en
septembre et une exposition de ses costumes de scène au musée Galliera.
Cest ce quon appelle un retour en force. Elle jure pourtant navoir pas
prémédité pareil assaut : « Tout sest enchaîné logiquement sans que jy
prenne garde. La preuve : je nai même pas encore prévenu maman que je
faisais des concerts à la rentrée ». Ne dites pas à sa mère que Sylvie est
de retour sur la scène médiatique : elle la croit mariée à un riche
producteur américain et rangée du show Biz !

En attendant de « prévenir maman », Sylvie, très élégante en costume gris
clair et chemise blanche, boucles blondes descendant en cascades sur les
épaules et silhouette de jeune fille, a la voix un peu cassée par sa
prestation marathon de la veille chez Drucker. Ce qui ne lempêche pas de
parler clair et sans détour. Comme toujours.

« Quelle rentrée ! Cest le retour de la courageuse Sylvie ?

ça ma toujours fait rire que les journalistes me trouvent « courageuse
». Et « travail-leuse » aussi ! Cétait une façon aimable de dire que je
navais pas dautre talent. Mais le pire cest que cétait complètement
faux ! (rires). Je nai jamais eu aucun courage et je travaillais toujours
le moins possible.

Pourtant vous êtes considérée comme celle qui a créé en France les
premiers shows à laméricaine. On vous imaginait préparant ça en salle de
gym pendant des mois

Encore un mythe qui sécroule ! (rires). Je ne sais toujours pas ce que
cest quun « show à laméricaine », comme vous dites. Je me suis toujours
mise à bosser au dernier moment et je nai jamais fait beaucoup de gym.
Jai dû faire une photo en collant de danse et cest parti de là !

Nempêche que vous avez une ligne exemplaire, comment faites-vous ?

Je fais tout avec intensité. je ne tiens pas en place. Alors je brûle
mes calories, je suppose (dit-elle en attaquant dune fourchette alerte un
monstrueux mille-feuilles gorgé de crème pâtissière).

Pardon, mais quest-ce qui vous pousse encore, à votre âge et avec votre
carrière, à reprendre du collier ?

Depuis que jai 7 ans, je crois que je nai jamais arrêté de bouger, de
voyager et de chanter. Cest ma vie, mon destin et mon métier. Jaime la
vie de tournée : on est comme dans une bulle, personne ne vous ennuie avec
les problèmes du quotidien, personne ne vous appelle au téléphone, on
voyage, on descend dans de beaux hôtels où le personnel est aux petits
soins. Cest comme des vacances turbulentes.

En lisant vos mémoires, on se dit pourtant que ce nest pas une vie si
heureuse que cela

Cest vrai que ce sont des carrières qui brûlent tout. Parfois, je me
demande encore si je voyais seulement le jour. Ce qui me reste des années
soixante, soixante-dix cest un grand tumulte. Pourtant, en relisant mes
carnets intimes pour écrire ces mémoires, je me suis rendu compte combien
en fait jétais solitaire.

Lécriture a fonctionné comme une psychanalyse ?

Oui. On dit pourtant que, passé 30 ans, il faut éviter ce genre
dexercice ! Mais javais vraiment envie décrire tout ça, pour ma
famille, mon père, mon frère et mes enfants. La mort de mon frère a
vraiment été le déclencheur. Mon fils David était aussi arrivé à un âge où
on est plus intéressé par ses racines. On en parle parfois, mais ça na
pas la même portée, ni la même profondeur que lorsquon lécrit.
Evidemment, il faut une certaine maturité pour y trouver de lintérêt.
Plus jeune, on est surtout motivé par sa propre vie.

Quest-ce qui vous motivait particulièrement, étant jeune ?

Jai vraiment fait ce métier pour la beauté du geste. A lépoque, nous
navions ni plan de carrière, ni modèle, ni image à gérer. Juste notre
folie et cette incroyable envie de faire du spectacle. Si lon dure, cest
parce quon a vraiment ça en soi.

Vos mémoires ne sont-elles pas un peu sélectives ?

Jai dit toute ma vérité. Mais il y a des choses que lon ne raconte
pas, même à ses enfants et à sa famille. Et puis, je navais pas envie de
dépenser de lénergie à parler des gens qui mont fait du mal, ni de
mobliger à seulement penser à eux. Jai beaucoup réfléchi à la façon dont
jai fait mes choix dans la vie et jai compris que ce que jai fait de
bien, je le dois à mes parents. Je suis le produit de ce quils mont
enseigné. Ils ont été admirables de A à Z dans des circonstances très
difficiles. Ils ont fait face à tout et peuvent servir dexemple pour tout
le monde. Cest cela que je voulais mettre en lumière.

On découvre ainsi quà votre arrivée en France, vous avez vécu quatre
ans à quatre dans une chambre de bonne.

Et pourtant je nai limpression davoir manqué de rien. Et surtout pas
damour.

Ce qui, dites-vous, vous différenciait de Johnny.

Nous navons pas eu la même enfance. Moi, je nai jamais été rebelle, ni
révoltée. Je navais pas honte de laccent de mes parents. Ma mère a
toujours été le point dancrage de ma vie. A 90 ans, elle lest encore.

Le couple que vous formiez avec Johnny a, semble-t-il, créé létalon du
couple rockn roll

Cétait volcanique et ça a fini logiquement : en cendres. Mais il en
reste un fils merveilleux et des souvenirs magnifiques. Je ne renie rien
de nos années lumières. Rien ne pourra jamais effacer ce que nous avons
vécu alors.

Même pas cette accusation de viol dont il fait lobjet ?

Ecoutez : pour moi, Johnny aura toujours vingt ans. Lhomme que jai
connu, je ne le vois pas faire ce quon lui reproche. Et des rumeurs, il y
en a toujours eu

Certaines sont dailleurs reprises dans une biographie concurrente, qui
paraît en même temps que la vôtre. Lavez-vous lue ?

Je ne lis aucun des livres écrits sur moi. Quy trouverais-je dautre
que des inexactitudes ?

Vous vivez depuis longtemps aux Etats-Unis, vous sentez-vous encore
française ?

Totalement. Chaque fois que, dans lavion, le pilote annonce quon se
pose à Paris, jai un pincement au cur. Ça me rappelle le jour où on est
rentré en France avec ma famille. Mon père nous a dit : « Vous allez voir
la mer Méditerranée ! ». Cétait comme sil avait dit : le paradis. La
France, cest mon pays pour toujours.



Edition : XSUP JV AM
N° page : 11
Rubrique : SUP JVA
Date de parution : 12/03/2008 04:00

SYLVIE VARTAN "JE N'AI VECU QUE DANS LA LUMIERE"

Nouvel album (« Nouvelle Vague »), « Best of » en 3 CD, nouveau spectacle
et nouvelle tournée : Sylvie revient. Sauf qu'elle n'est jamais partie !
C'est la première chose qui saute aux yeux lorsqu'on feuillette le superbe
album de ses spectacles qui vient de paraître chez XO Editions(1). Ce que
nous avons fait en sa compagnie par une belle après-midi parisienne, avant
ses récents concerts du Palais des Congrès

Comment est née l'idée de retracer votre carrière, spectacle par spectacle ?

Ce sont Christian et Eric Cazalot, mes co-auteurs qui en ont eu l'idée. Ce
sont de vrais fans, qui connaissent ma vie d'artiste presque mieux que
moi. Ils m'ont guidé dans mes souvenirs. Après mon autobiographie (« Entre
l'Ombre et la Lumière »), il restait tout un pan de ma vie que je n'avais
fait qu'effleurer : tous ces concerts, toutes ces années sur la route,
toutes ces soirées sur scène Chaque spectacle a une place très
particulière dans mon cur, dans ma mémoire et dans ma vie. J'ai fait onze
fois l'Olympia et c'était un bonheur différent à chaque fois. Je me rends
compte seulement aujourd'hui que je n'ai presque fait que ça Au fond, je
n'ai vécu que dans la lumière.

Le nombre de documents qui illustrent votre vie sur scène est étonnant.
Vous avez tout gardé ?

Oui, je suis méticuleuse et maniaque, je note et je garde tout. J'ai
encore tous mes cahiers de travail sur lesquels je prépare mes spectacles
et j'ai retrouvé de vieux télégrammes de Barbara ou Gene Kelly. Le
problème, c'est que je n'ai jamais classé mes archives qui s'entassent
dans des cartons un peu partout. Au bout d'un moment, cela devient
impossible à gérer, tellement c'est gigantesque. Je n'ai jamais trouvé
assez de temps pour le faire et, même après ce livre, il y a encore plein
de tiroirs que je n'ai pas ouverts. Il y a assez de matière là-dedans pour
en faire trois autres.

Quels sentiments avez-vous eu en revoyant toutes ces photos du passé ?

C'était vertigineux et très émouvant. Sur les premières photos, j'ai l'air
d'un bébé. J'ai l'impression de voir ma petite sur. Après, mises les unes
derrière les autres, cela fait un beau voyage.

Un parcours qui m'impressionne moi-même.

Y'a-t-il des images dont vous ne vous souveniez pas du tout ?

Très peu. La couverture de ce magazine (« Pop Weekly » en 1964) avec les
Beatles, je ne l'avais jamais vue. En revanche, je me souviens très bien
de la rencontre à l'Olympia. On partageait l'affiche avec eux et Trini
Lopez. Ils débutaient, alors que c'était déjà mon quatrième Olympia. Mon
frère Eddie les avait approchés à Hambourg pour qu'ils soient mon groupe
de scène !

Quelles sont vos photos préférées ?

Celle de l'Olympia qui ouvre le livre. C'est une photo en noir et blanc,
on me voit courir devant le panneau « Entrée des artistes » de l'Olympia.
Cette image résume toute ma vie. Je cours toujours !(rires)Après, je
dirais celle du bouquet de fleurs au Palais des Sports, où je remercie le
public qui me les a offertes. Elle est aussi très symbolique car je lui
dois tout. Il y a, dans la chanson, une complicité, un lien presque
charnel avec le public qu'on ne retrouve dans aucun autre art. Et puis,
celle du retour dans mon pays natal, en 1990 à Sofia. Je pleure sur scène,
une émotion incroyable.

Qu'est-ce qui vous pousse à remonter sur scène aujourd'hui ?

J'aime chanter et je n'ai pas l'âge de faire des adieux. J'ai toujours
mené une vie de nomade, je n'aime pas être installée. Sans mes sacs et mes
valises, j'angoisse. La scène, c'est la meilleure des thérapies contre
l'angoisse, la douleur, la nostalgie. Après la mort de maman, j'ai su
qu'il fallait que je retravaille très vite. J'ai réservé le Palais des
Congrès avant même de commencer le nouvel album. C'est comme un ballon
d'oxygène.

Rien de nostalgique là-dedans ?

Non vraiment. Je n'ai aucune nostalgie, aucun regret, ni aucun désir
inassouvi. C'est fou, mais c'est comme ça. J'ai été très gâtée par la vie.

1. « Dans la lumière », XO éditions, 29,90 e.