Sensation de la section Un Certain Regard, Les Bêtes du Sud Sauvage est un premier film américain, signé Benh Zeitlin, un réalisateur de tout juste 40 ans dont il va falloir retenir le nom. Il raconte l’histoire d’Hushpuppy, une petite fille noire, qui survit avec son père dans une zone dévastée par des ouragans. Le rôle est tenue par une gamine de six ans du nom de Quvenzhané Wallis, dont la prestation est carrément bluffante. Le scénario est celui d’une fable apocalyptique, assez proche de La Route, en version diluvienne (le dernier plan est d’ailleurs celui d’une route inondée) : coupé du reste du pays par une digue érigée après une récente catastrophe climatique, un petit peuple de déclassés continue à vivre dans une cuvette appelée Le Bassin, alors qu’une nouvelle tempête menace d’engloutir toute la région. Le père d’ Hushpuppy, qui se sait gravement malade, la prépare à la dure à survivre seule dans cet environnement hostile. L’histoire est racontée en voix off par la gamine...
Côté réalisation, on a visiblement affaire à un nouvel émule de Terrence Malick.Benh Zeitlin risque fort de faire concurrence, d’ici peu, à Jeff Nichols, qui, en l’absence du maître, a cette année les honneurs de la compétition avec Mud. Si le jury du Festival de Sundance ne lui avait pas déjà octroyé son Grand Prix , il y a d’ailleurs fort à parier que Les Bêtes du Sud Sauvage se serait également retrouvé en lice pour la palme d’or. Malgré quelques maladresses et un discours apocalypto-survivaliste un peu irritant sur la fin, le film fait, en effet, preuve de telles qualités de réalisation, qu’une Caméra d’or ou un Prix du Certain Regard lui semblent promis.
En attendant, c’est déjà le premier choc esthétique et la première révélation de cette 65e édition.