Claude François, qui n'aimait rien tant, apparemment, qu'épater la galerie avec les signes extérieurs de sa richesse, aurait sans doute adoré ce biopic d'un luxe carrément hollywoodien. Les vingt millions de budget accordés à Florent Emilio Siri (Otage, l'Ennemi intime) pour le réaliser ont été bien employés: le fric dégouline littéralement de l'écran. Du coup , le spectateur (que l'on suppose fan) n'est pas volé sur la marchandise: en 2h30, bon poids, il saura tout de la vie et de l'œuvre du chanteur, déroulée chronologiquement (et assez platement) de l'enfance au Caire à sa mort , le 11 mars 1978, électrocuté dans sa salle de bain, en passant par l'exil à Monaco (où plusieurs scènes ont été tournées, notamment au Sporting d'été), son premier contrat chez Philips, sa rencontre avec le manager Paul Lederman (joué par Benoit Magimel avec un accent pied noir ridicule), son idylle avec France Gall, son mariage avec Isabelle, ses deux enfants (dont un, Marc, longtemps caché) et son obsession pour sa carrière, dans une reconstitution grandiose des années 60-70. Le film trace du chanteur un portrait assez juste et pas forcément flatteur. Il se regarde donc sans déplaisir, malgré sa longueur, même si on n'est pas particulièrement fan du chanteur (Les extraits musicaux sont nombreux mais ce n'est pas un film musical). Au delà de la simple fascination pour un artiste adulé (ou raillé, selon), c’est aussi le témoignage d’un changement d'ère: le passage du temps des copains à celui du marketing, qui règnera en maitre sur l'industrie musicale jusqu'à l'explosion du téléchargement pirate. En cela, Claude François aura été un précurseur. Jérémie Renier, habitué d'un cinéma plus modeste (celui des frères Dardenne, notamment), se coule dans le moule du biopic avec une grande aisance, en sosie presque parfait du chanteur qu'il ignorait être. Seules les scènes de concert trahissent sa difficulté à bouger comme son modèle survolté...