Marcel Marx (André Wilms), ex-écrivain renommé, s’est exilé volontairement dans la ville portuaire du Havre où son métier honorable mais non rémunérateur de cireur de chaussures lui donne le sentiment d’être plus proche du peuple. Il a fait le deuil de son ambition littéraire et mène une vie satisfaisante entre le bistrot du coin, son travail et sa femme Arletty (Kati Outinen), quand le destin met brusquement sur son chemin un enfant immigré clandestin d’Afrique noire (Blondin Miguel). Avec la complicité des habitants du quartier, il va le cacher du policier (Jean-Pierre Darroussin) qui le recherche (ou pas?) pour le renvoyer dans son pays…

À Cannes, où le film était présenté en compétition, on se demandait comment la greffe du cinéma miniaturiste, poétique, surréaliste et stylisé d’Aki Kaurismaki (Les lumières du Faubourg, L’Homme sans passé) allait pouvoir prendre dans un contexte typiquement français, avec des acteurs aussi familiers que Jean-Pierre Darroussin et André Wilms.
C’est une totale réussite, puisque le réalisateur Finlandais parvient à se ressourcer (Les lumières du faubourg avaient un peu déçu), tout en restant parfaitement fidèle à ses options esthétiques et à ses thèmes favoris.Même s’il en emprunte cette fois quelques-uns à Robert Guédiguian! Le Havre fait ainsi curieusement écho aux Neiges du Kilimandjaro et on recommandera chaudement à ceux qui ont aimé l’un d’aller voir l’autre.
Injustement oubliée du palmarès Cannois, cette très jolie fable sociale, poétique, drôle et émouvante, devrait néanmoins permettre au grand public français de découvrir le cinéma d’Aki Kaurismaki, dont c’est l’un des meilleurs films.