À défaut d’avoir été une James Bond Girl, comme sa grande rivale Sophie Marceau, Isabelle Adjani pourra toujours se targuer d’avoir incarné une méchante Disney. Un statut presqu’aussi enviable dans l’encyclopédie du cinéma.
Dans Raiponce, le 50e film d’animation des Studios Disney, qui sort mercredi en salles, elle double la voix de mère Gothel, la marâtre maléfique de l’héroïne qui la séquestre pour profiter de son pouvoir de jeunesse éternelle.
Pour une première expérience du doublage, Adjani, très en verve lors de la conférence de presse de présentation des voix françaises du film (1), avoue avoir pris beaucoup de plaisir à l’exercice : « On me l’a souvent demandé pour d’autres films et j’ai toujours dit non, raconte-t-elle. Mais une méchante Disney ça ne se refuse pas. Mon fils ne me l’aurait pas pardonné! «.
Engagée depuis des années dans des causes féministes, l’actrice ne pouvait, non plus, rester insensible à la volonté des studios Disney de faire évoluer l’image de la femme dans leurs dessins animes. C’est particulièrement le cas pour Raiponce, qui a été conçu par une équipe à dominante féminine « Raiponce est un Disney de grand classicisme, mais avec une vraie modernité, constate Isabelle Adjani : ce n’est pas la princesse délivrée par son prince, mais une jeune fille qui rêve d’être libre. Elle ne vise pas le mariage, mais la découverte du monde. On n’est plus dans la soumission féminine et l’attente du prince charmant ».
Le personnage de mère Gothel était également très attirant, confesse l’actrice : « C’est une méchante extrêmement drôle, en plus d’être terrifiante. Elle a quelque chose de la Castafiore. Ce fut un vrai régal à interpréter. Ma voix n’est pas très reconnaissable car je me suis amusée à faire des variations et des ruptures de ton pour que le personnage éclate avec sa folie et sa drôlerie. Elle est insupportablement adorable ».
Question qui fâche
Devant l’évidente bonne humeur de la star, on ose même la question qui fâche sur le mythe de la jeunesse éternelle et son propre rapport au vieillissement. Elle n’y répond évidemment pas directement, mais ne s’en offusque pas et trouve, au contraire, le moyen d’en rire : « C’est une coïncidence, bien sûr, qu’on m’ait choisie pour ce rôle. Comme le fait de me faire jouer une méchante alors que je suis si gentille! Le thème de l’immortalité est un vieux rêve de l’humanité et il est dans tous les films qui cartonnent en ce moment : regardez Twilight ».
Quant aux rapports d’Isabelle avec les dessins animés de Walt Disney, ils renvoient à des souvenirs très précis : « Le premier film que j’ai vu au cinéma, c’était Blanche Neige, raconte-t-elle. C’était au Weppler de la place Clichy. Je devais avoir cinq ou sept ans. Mon frère était grimpé sur le siège pour encourager les sept nains. Puis j’ai vu Marry Poppins. C’était en hiver, on avait fait la queue sous la neige. C’est un souvenir magnifique, lié à la féerie de Noël, aux rêves d’enfant. Il y a pour moi, aujourd’hui, une fierté innocente à transmettre cela à mon fils en faisant une voix dans un dessin animé de Walt Disney ».
Ph. D
(1) Romain Duris fait la voix du héros Flmynn Rider, Maeva Meline celle de Raiponce