Le streaming a la cote au Midem, où les plateformes font leur pub. En attendant l’arrivée d’Apple sur le marché, annoncée pour la semaine prochaine, Deezer, Tidal et Qobuz (après Napster et Spotify les années précédentes) tiennent le haut du pavé sur la Croisette. Pour les maisons de disques, l’écoute de musique en direct sur internet a un avantage majeur : elle a permis d’endiguer le téléchargement illégal. Lorsqu’on peut écouter toute la musique qu’on aime gratuitement (avec de la pub) ou pour 10 € d’abonnement mensuel (sans pub), pas la peine de s’embêter à chercher des fichiers piratés sur le Web et de risquer les foudres (théoriques) de l’Hadopi. Les plus gros téléchargeurs se sont donc mis au streaming, qui compte désormais 3 millions d’abonnés payants en France.Hans Holger Albrecht, le nouveau patron de Deezer, s’en est réjoui au Midem, estimant que ce n’était qu’un début et affirmant avec fierté que sa plateforme reversait 70 % de ses recettes aux maisons de disques.
Clopinettes
Le problème, c’est que les artistes qui mettent leurs œuvres en ligne sur ces plateformes se plaignent amèrement de n’en percevoir que des clopinettes.A en croire Jean-Noël Tronc, le patron de la Sacem, qui publiait ses résultats pour 2014 au Midem, 95 % des auteurs et interprètes ne toucheraient même carrément rien! La ministre de la culture Fleur Pellerin s’en est émue et a commandé une étude sur le modèle économique du streaming qui doit lui être rendue en juillet. Elle s’est dite prête à engager un bras de fer avec les plateformes (et les maisons de disques?) pour exiger un meilleur partage des droits dans le cadre de la nouvelle loi sur la liberté de création. Bon courage! L’un des enseignements de la conférence de la Sacem, qui affichait complet, est qu’il est très difficile de percevoir les droits issus de la diffusion d’œuvres musicales sur internet.En 2014, la société des auteurs a dû traiter 251,6 milliards d’opérations sur internet (téléchargement et streaming) pour percevoir à peine 30, 6 millions de droits.À peine 3 % des 1,2 milliard que représente sa collecte annuelle!
Sauf à augmenter sensiblement ses frais de gestion (autour de 11 % actuellement) en embauchant des dizaines de contrôleurs et en investissant dans des systèmes informatiques surpuissants, on voit mal comment elle ferait pour ne pas se noyer dans le « Big Data », avec le développement attendu du streaming.
En attendant, les droits issus des diffusions TVradio cable satellite adsl (320 M€), des spectacles (concerts, cinémas, sonorisation : 280M€) et de la copie privée (65 M€) constituent toujours son gagne-pain et ceux des ventes de CD et de DVD (57 M€) continuent de chuter (celle de vinyles explosent- +42% -mais ne constituent qu’un marché de niche).
Le Midem va pouvoir discuter quelques années encore de la monétisation de la musique sur Internet…