Autant que je me souvienne, les souvenirs, nos souvenirs peuvent être de vrais trésors dans lesquels on peut venir piocher ça et là de la nostalgie ou du réconfort.

C'est vrai qu'on peut y trouver de tout … Des fou-rires, des repas familiaux, des câlins, des journées d'école, des moments de colère et de joie, des séjours en vacances, des cadeaux reçus, les nombreuses bêtises que l'on a fait, le travail bien-sûr … Bref plein de choses à raconter et se raconter pour meubler les conversations entre amis ou en famille ou lors des longues soirées d'hiver …

Ces souvenirs sont là aussi pour simplement se rassurer soi-même de la consistance de sa propre petite vie … Des souvenirs qui peuvent être, c'est vrai aussi pour certaines personnes, une somme de poids, de charges à porter … Mais si elles savaient la chance qu'elles ont encore. Oui, si elles savaient qu'il existe des gens qui chériraient pour avoir de vrais souvenirs et les conserver bien rangés dans leurs petites têtes ...

Je pense évidemment aux familles qui, mois après mois, se désespèrent de ne pouvoir aider leur parent dans le besoin. Et bien souvent, dans la majorité des cas, on se rend compte que les personnes proches se trouvent alors placé dans le rôle de l'adulte ou de l'auxiliaire de vie mais aussi, hélas, dans celui de l'inconnu de passage …

Cette situation peut paraître rassurante ou salutaire pour certains de ces tuteurs en herbe ... surtout s'ils avaient quelque chose à se reprocher ou à cacher vis à vis de cette personne dans le besoin … Oui, comme si ces tuteurs en herbe ne se sentaient pas fiers de leur propre vie ou de la tournure des relations qu'ils avaient eu, ensemble, avant et qu'il n'est plus que temps aujourd'hui, pour eux, pour se faire pardonner …

Et puis souvent, dans ces cas là, on regrette les mots que l'on a dit et ceux que l'on n'a pas pu et su dire ... Mais surtout, on voudrait tant pouvoir retrouver cette complicité que l'on avait ensemble, ces étreintes si futiles et pourtant si réconfortantes avec cette personne, ces images voilées de ces moments privilégiés volés aux autres, volés au temps qui passe ...

Dans cette situation, le sentiment principal qui nous submerge alors est de se sentir perdu. Oui, on se sent perdu face aux promesses de l'avenir qui ne pourra, lui, que nous décevoir ... Perdu, on l'est aussi dans ses repères face cette personne en souffrance qui a été, est, et sera, pour nous, toujours, un des piliers de notre vie.

Pour dire vrai, on a peur de la perdre avant de l'avoir perdu pour de bon. Et pourtant, jour après jour, elle nous échappe, vraiment, et sans espoir de rédemption ... Mais qu'importe le malaise et les silences qui peuvent s'installer entre eux et nous, nous sommes là, près d'eux, et c'est ça l'essentiel ...

Les jours et les mois vont passer et il devra y avoir pour nous un lendemain. Un lendemain qu'il nous faudra dessiner et construire. Un lendemain et un avenir qu'il nous faudra aussi vivre et accepter ...

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Octobre 2010