Vous savez sans doute que depuis juillet, un groupe "d'Indignés" (c'est la presse qui les a nommés ainsi) est parti de Madrid pour rejoindre à pieds Bruxelles, où ils exposeront les doléances des partisans de "Démocratie réelle maintenant".

J'ai la chance que ce groupe passe ces jours-ci dans ma région, alors j'ai pris contact avec eux...

Le texte ci-dessous est la traduction de l'un des très poétiques billets d'Oscar sur son blog, à visiter ici Vous pouvez aller y voir les photos

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In March on Brussels on 30 August 2011 at 21:00

Angoulême, le 30 Août

36 ème jour de la Marche vers Bruxelles, Depuis Barbezieux, 40 km

Chers lecteurs

Nous venons de faire pour le troisième jour consécutif une rude journée de marche. Certains de nos dévoués marcheurs ont même dû déclarer forfait. Malgré tout ça m'a plu. Cela nous a demandé de faire de nombreux kilomètres, mais les paysages étaient parmi les plus beaux que nous ayons vu en France jusqu'à présent.

A notre sortie de Barbezieux, nous avons été escortés par deux filles du coin sur leurs vélos. Elle n'avaient jamais entendu parler de notre marche jusqu'à notre halte dans leur village. Et elles n'ont pas pu résister au désir d'accompagner notre pittoresque cortège, ne serait-ce qu'un tout petit peu.

Après les filles sur leurs vélos est arrivé la voiture d'une chaîne de TV française. Ils ont filmé quelques vues panoramiques de gens marchant sur les routes de campagne au milieu des vignes et ont interviewé quelques-uns d'entre nous, puis sont repartis.

Si ces jours-ci la marche fonctionne bien et donne une image de bonne organisation au monde extérieur, c'est en partie grâce au camarade Waldo. Il est de Paris, il a passé plus d'une semaine avec nous et il sait comment organiser les choses sans avoir à élever la voix. Beaucoup des Espagnols ont un ego assez développé, et ils ne sont pas très forts pour écouter. Mais le camarade Waldo sait les prendre. Demain il continue sans nous, il sera notre contact à Paris.

Les deux copains du soutien logistique ont encore fait du bon boulot aujourd'hui. Ils nous ont organisé un brunch au sommet d'une colline dans les vignobles, et nous avaient accompagnés avec amour et dévouement où que nous allions. Et ceci, joint au tranquille paysage de la route, a rendu cette longue marche non pas supportable, mais mémorable.

Le voyageur, et j'entends par là le vrai voyageur, n'a qu'un seul vrai désir. Voir ce qui est au-delà de l'horizon. Donc, il marche. Et quand il arrive finalement au sommet de la côte qui lui faisait face tout ce temps, il découvre qu'il y a une vallée de l'autre côté, et encore un autre horizon. Alors il continue de marcher. Heure après heure; le voyageur tournoie au travers du pays, montant et descendant, et chaque fois il découvre de nouvelles vallées pleines de champs de maïs, de vignes et de tournesols fanés.

Alors arrive un moment où, au sommet d'une colline, il voit que le nouvel horizon a pris forme de ville. Une ville sur une colline.

Le voyageur arrive à Angoulême. Il voit les dômes et les tours s'élever au-dessus de lui et il est impatient de franchir les portes de la ville pour satisfaire ses désirs les plus terre-à-terre.

Nous sommes sur une pelouse juste à l'extérieur de la ville, des gens ont fait halte quelques instants, combattant le douleur de leurs jambes. Ils sont reçus avec des jus de fruits et des petits gâteaux. Il est plus de six heures. L'équipe logistique propose de véhiculer tout le monde jusqu'au centre-ville pour l'assemblée.

Quelques-uns partent, mais je trouve que c'est ridicule. Après avoir marché quarante kilomètres, je ne vais pas faire du stop sur les quelques mètres qui restent jusqu'à la vieille ville. E, compagnie du camarade Getafe, un des Célèbres Quarante qui ont campé sur « Sol » la première nuit, et avec les deux camarades d'Allemagne, nous montons à pieds.

Angoulême est une merveilleuse petite ville. Nous avons occupé la place centrale avec vue plongeante sur les environs et avons été entourés d'habitants curieux qui nous saluaient d'un sourire. Nous nous sommes nourris de cette énergie positive. C'est ce qui nous a fait continuer. Et les raviolis de de ce soir, bien entendu. Mamma mia, les raviolis!