Mes mains ont caressé les épines de la soie

Elles se sont réchauffées à des regards




Avec le temps mon ouïe s’est ouverte
Avec le temps mes yeux ont découvert

La beauté des fleurs et leur fragilité

Que le noir peut s’étoiler parfois

Que de belles couleurs peuvent s’assombrir




Avec le temps mes mains ont touché

Le velours des voix et la rudesse des visions


Aux musiques des cœurs chaleureux

Elle est devenue résolument sourde

Aux bruits des beaux mensonges




Avec le temps j’ai gouté avec délectation

La saveur de la rosée des jours heureux

J’ai craché les larmes des chagrins

J’ai avalé le fil d’Ariane et l’ai oublié




Avec le temps j’ai senti le parfum du faux

J’ai humé l’arôme d’une certaine vérité

Mon nez s’est imprégné d’effluves d’étrangers

De flagrances familières et amicales




Je ne suis point lasse

Fatiguée parfois

Amoureuse toujours

Sérieusement enjouée

Futilement travailleuse

Organisée structurée

Aimant associer les contraires




Avec le temps j’ai appris à être en même temps

En enfance et au seuil de la sage vieillesse

J’ai appris à regarder le monde

Avec des yeux d’enfant sérieux




Avec le temps je suis parvenue à accepter la mort de mes proches

À supporter leur départ précoce vers cet illusoire ailleurs

J’ai réussi à ne plus en avoir peur

J’ai appris à aimer




Avec le temps…


une simple vie