LE LIVRE DE LA VIE

Alphonse de LAMARTINE (1790-1869)







Le livre de la vie est le livre suprême


Qu'on ne peut ni fermer, ni ouvrir à son choix ;


Le passage attachant ne s'y lit pas deux fois,


Mais le feuillet fatal se tourne de lui-même ;


On voudrait revenir à la page où l'on aime,


Et la page où l'on meurt est déjà sous vos doigts ...








De même ce joli poème que Victor Hugo a écrit pour sa fille Leopoldine qui périt noyée en compagnie de son époux Charles Vacquerie en 1843, elle n'avait que 19 ans.





Demain, dès l'aube...

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.


Victor HUGO (1802-1885)