Le révisionnisme, selon Wikipédia :

À l'origine, le terme de révisionnisme désignait le mouvement demandant la révision du procès Dreyfus. Le sens de ce terme s'est ensuite étendu, et désigne aujourd'hui un courant de pensée tendant à remettre en cause et modifier plus ou moins profondément, selon les cas, un système idéologique ou politique établi, un traité international ou un texte de loi majeur, ou encore des faits considérés comme historiques.

En quoi le révisionnisme pourrait-il s'appliquer à l'espéranto ? Le temps n'est-il pas venu, à quelques mois du 125ème anniversaire de cette langue dont certains sont allés jusqu'à dire que ce n'est pas une langue, qu'elle n'a pas d'histoire, pas de héros, pas de martyrs, pas d'écrivains, pas de poètes, pas de chanteurs, pas d'âme, pas de culture, pas de littérature, pas de poésie, pas de chanson, pas d'expressivité, pas d'humour, qu'elle est morte, "artificielle", impropre à exprimer des sentiments, à débattre de politique, à défendre des thèses universitaires et ainsi de suite. En ce qui concerne plus particulièrement l'usage péjoratif de l'adjectif "artificiel(le)" il est toujours possible de répliquer que la sottise est quelque chose de naturel et qu'il n'est point nécessaire de se forcer pour sortir ce mot : un tel usage abusif démontre précisément une ignorance de ce qu'est cette langue. Voici déjà bien longtemps que des spécialistes des langues ont démontré que de tels propos sont infondés, notamment Max Mûller, Michel Bréal, Antoine Meillet, Edward Sapir, etc.

Oui, il y a une grande révision à faire, à la fois à propos des idées reçues, des mythes favorables qui entourent l'anglais et défavorables qui entourent l'espéranto.

Tout est à revoir

1. Pour l'anglais :

L'anglais global : mythe ou réalité ? par Robert Phillipson ...

2. Pour l'espéranto :

Communication linguistique: Où sont les mythes? Où sont les réalités ? par Claude Piron

Après avoir observé le congrès mondial d'espéranto qui s'est tenu à Prague en 1996, le professeur Robert Phillipson a reconnu avoir été trompé sur cette langue : "Le cynisme au sujet de l'espéranto a fait partie de notre éducation".

Il existe une importante littérature sur les moyens utilisés pour assurer la domination de la langue anglaise au profit des puissances dont elle est la langue nationale :

(EO+FR) — Problemoj de lingva superrego / Problèmes de domination linguistique

Rien n'a été négligé, depuis les tenants duManifest destinity“ (Destinée manifeste, 1845) prônant l'expansionnisme, jusqu'à la CIA qui s'est recrutée des complices aussi bien dans les milieux intellectuels que militants, aussi bien à droite qu'à gauche, y compris chez les extrêmes. Tout lui est bon, toujours et partout, pour diviser, exploiter les rivalités, exacerber les haines. Tout lui est bon afin que l'Empire règne sur le monde, qu'il renforce sa puissance sur le malheur du monde. L'utilisation du nom de Dieu pour s'allier les victimes de la foi aveugle a toujours fait recette : en 1845, pour justifier l'annexion du Texas, John O'Sullivan prétendit que les États-Unis avaient reçu de la providence divine un mandat de civilisation ! Pour déclencher l'abominable guerre des Philippines, en 1898, le président méthodiste William McKinley prétendit qu'il avait demandé des conseils à Dieu, que celui-ci lui avait donné le feu vert et confié la mission de "christianiser et de civiliser" les Philippines ! Un peu plus d'un siècle plus tard, en 2003, George W. Bush, méthodiste aussi, en fit de même pour attaquer l'Irak :
"Je suis poussé par une mission divine. Dieu m'a dit, George, va, et combat ces terroristes en Afghanistan. Et je l'ai fait. Et Dieu m'a dit, George, va mettre fin à la tyrannie en Irak. Et je l'ai fait. Et maintenant, je sens encore la parole de Dieu qui m'arrive. Va donner leur Etat aux Palestiniens, et aux Israéliens leur sécurité, et fais la paix au Proche-Orient. Et par Dieu, je vais le faire". ("Et Dieu parla à Bush...")
Mais bien des gouvernements français, à l'insu du peuple et des électeurs, ont contribué à la mise en place d'une politique du fait accompli en laissant insidieusement l'anglais s'imposer même dans la vie intérieure des pays.

Aucune réforme de l'enseignement, en particulier en matière de langues, n'a tenu compte de l'espéranto sinon comme langue internationale, en tous cas même en tant que préparation à l'apprentissage des langues étrangères. La connaissance d'une langue étrangère constitue le premier pas bénéfique, mais il est inconséquent d'enseigner massivement une langue dont la valeur propédeutique est moindre que celle de l'espéranto et qui est même inhibitrice pour une proportion importante des élèves. C'est ce qu'avait compris un philologue renommé de l'Université de Columbia, Mario Pei :
L’expérimentation montre que l’espéranto est un bon point de départ pour l’étude d’autres langues parce que, en raison de la simplicité de la structure et de la construction des mots et des phrases, il brise la résistance de l’élève ordinaire unilingue, et en constituant en même temps la connaissance de mots étrangers, il donne de l’assurance à l’élève et l’incite à apprendre d’autres langues.” (1964)
En 1924, 42 membres de l'Académie des sciences avaient signé un vœu en faveur de l'enseignement de l'espéranto reconnu par eux comme "un chef-d’œuvre de logique et de simplicité". Et c'est l'anglais, un chef-d’œuvre d'illogisme et d'incohérence, une langue avant tout nationale et au service d'un empire et d'un ordre politico-économique et social catastrophique pour l'humanité, qui est enseigné comme première langue étrangère sous prétexte que son usage est le plus répandu à travers le monde !

Au lendemain de la première Guerre mondiale, c'est le gouvernement de la France, mû par des aspirations colonialistes et impérialistes, qui fut le plus farouche adversaire de l'espéranto à la Société d es Nations. Le délégué de la Grande-Bretagne, Lord Robert Cecil, fut consterné par cette attitude. Il avait exhorté la Commission de Coopération intellectuelle de la Société des Nations "à se souvenir qu'une langue mondiale n'est pas nécessaire seulement pour les intellectuels, mais pour les peuples eux-mêmes."

Le premier document à étudier, pour revoir la question de l'espéranto, est le rapport publié en 1923 par le secrétariat de la SDN dans les deux langues de travail de l'organisation :
Le 125ème anniversaire de l'espéranto en donne une occasion.