Problèmes de communication linguistique dans l'entreprise

Si l'on considère les États comme des entreprises, le président du plus puissant de tous (jusqu'à quand ?), Barack Obama, a dit durant sa campagne électorale : "Je ne parle pas de langue étrangère. C'est embarrassant !" (1)

Lorsqu'il était président d'une "entreprise" plus petite — la France —, Jacques Chirac avait répondu à des enfants qui lui avaient demandé s'il parlait l'anglais lors de ses séjours à l'étranger : "Oui, avec mes amis, mais jamais dans les discussions officielles, car je ne parle pas parfaitement cette langue et ce serait un handicap. Pour les sujets sérieux, il faut être sûr d’être bien compris" ("Mon Quotidien", 25 septembre 1997). Après l'attentat du 11 septembre 2001, à New York, après qulques mots en anglais, il s'était excusé publiquement de poursuivre son allocution en français : "My English is not very good". Son successeur Nicolas Sarkozy n'est pas plus brillant lorsqu'il essaie de s'exprimer dans la langue de la reine d'Angleterre alors que celle-ci n'a pas du tout l'air ridicule lorsqu'elle s'exprime en français. À Davos, en 2008, son premier ministre François Fillon n’avait prononcé que cinq mots en anglais.

Lorsqu'il était président directeur général de Renault, Louis Schweitzer avait décidé, en 1999, que seul l’anglais serait utilisé dans les relations entre les comités des usines établies dans divers pays. Deux ans après, le 1er avril 2001, l’Agence France Presse avait donné écho à une déclaration qu’il avait faite à l’occasion de la création d’une fondation devant permettre aux Japonais de mieux connaître la France et d’apprendre le français : "La langue a été une difficulté un peu supérieure à ce que nous pensions. Nous avions choisi l’anglais comme langue de l’alliance mais cela s’est avéré un handicap avec un rendement réduit de part et d’autre."

À la question "Quelle est la langue officielle de Sanofi-Aventis ?" posée par Laurent Barbotin pour le magazine économique "L'Expansion" (28/10/2004), le PDG de la société pharmaceutique Sanofi-Aventis, Jean-François Dehecq, avait répondu : "Ce n'est sûrement pas l'anglais. Une multinationale est une entreprise dans laquelle chacun peut parler sa langue. Dans une réunion, c'est du cerveau des gens dont on a besoin. Si vous les obligez à parler anglais, les Anglo-Saxons arrivent avec 100% de leurs capacités, les gens qui parlent très bien, avec 50%, et la majorité, avec 10%. A vouloir tous être anglo-saxons, il ne faut pas s'étonner que ce soient les anglo-saxons qui gagnent.

Et tout ceci dans la langue de très loin la plus et la mieux enseignée au monde ! Et certains osent parler de succès !

Dans le quotidien suédois "Svenska Dagbladet" (24.10.1993), Margareta Westman, une responsable du Comité linguistique suédois, avait déclaré : "Nous, les Suédois, avons tendance à surestimer nos connaissances linguistiques, en particulier en anglais, mais nous sommes insuffisants lorsqu’il s’agit d’un raisonnement nuancé. Nous courons le risque de dire ce que nous pouvons mais pas ce que nous voulons."

Dans un communiqué du 2 octobre 2001, l’agence de presse allemande DPA avait reproduit les propos d’Hartmut Kugler, président de l’association des professeurs germanistes allemands selon lequel : "Ce que l’on veut exprimer, il faut le dire dans la langue que l’on maîtrise le mieux" . Il avait ajouté : "En langues étrangères, on a souvent des difficultés à s’exprimer de manière nuancée, alors qu’en comparaison, il est relativement plus facile de comprendre passivement". Kugler avait par ailleurs mis en garde contre l’intronisation de l’anglais comme seul moyen de compréhension européen : "Nous avons entre temps, durant cinquante années fait l’expérience du grand projet ''l’anglais comme première langue étrangère' — mais quel est le niveau d’élocution du bachelier moyen en anglais ?" avant de conclure que, dans la population, la maîtrise de l’anglais ne suffirait pas pour exprimer des notions complexes. Il a enfin averti que l’anglais pourrait devenir une langue dominante de même qu’il en fût pour le latin : "Les rares "globe players" à très bien maîtriser l’anglais seront ceux qui dans l’avenir décideront de tout."

La Suède et l'Allemagne, dont les langues germaniques sont de la même famille que l'anglais, ont fortement misé sur celui-ci du fait de sa diffusion par la colonisation et de sa plus grande facilité que les autres familles de langues, entre autres latine.

Comme la compétence en anglais est de plus en plus souvent préférée à la compétence professionnelle, il n'y a pas lieu de s'étonner que tout aille de plus en plus mal et que les vrais bénéficiaires de ce jeu truqué soient les deux principaux pays impliqués dans la Conférence Anglo-Américaine de 1961 qui visait à imposer leur façon de penser à toute l'humanité. Celle-ci paye lourdement aujourd'hui le poids de leurs erreurs et dérives.

Nos pays et nos entreprises sont dirigés par des gens n’ont rien vu et connu d’autre que l’anglais, qui sont incapables d’imaginer autre chose, non point par stupidité, mais du fait que, depuis l'enseignement jusqu'à l'information quotidienne, toute possibilité de découvrir autre chose, et par conséquent de choisir, leur a été verrouillée depuis des décennies.

Au début des années 1920, lorsque la proposition d'enseigner l'espéranto dans toutes les écoles du monde fut traitée au siège de la Société des Nations, à Genève, l'adversaire le plus acharné fut le gouvernement français. En voulant tout gagner, par crainte de perdre la position de langue diplomatique privilégiée pour le français, il a atteint précisément le contraire. Et l'espéranto n'a joué aucun rôle dans la régression ultérieure du français. La langue française paie aujourd'hui au prix le plus élevé cette politique à courte vue, cette bévue qui s'ajouta à la même période à une autre aux conséquences autrement plus désastreuses (l'occupation de la Ruhr) du fait qu'elle a facilité l'accession d'Hitler au pouvoir. Dans un bilinguisme espéranto + langue internationale, il n'y aurait eu aucun pays vaincu.

Notre ministre de l'éducation nationale Xavier Darcos ne trouve rien de mieux que de pousser aveuglément à une politique du tout anglais (l'anglais d'Angleterre) en mettant aussi son espoir dans des solutions techniques tout comme l'administration de Bush et son armée ont cru à des gadgets fort coûteux et inefficaces dans la guerre d'Irak. Ces illusions sont décrites de façon précise et détaillée par Mathieu Guidère dans son livre "Irak ins translation — De l'art de perdre une guerre sans connaître la langue de son adversaire". Lorsque Gordon Brown s'est rendu en Chine pour inviter les Chinois d'apprendre l'anglais, un bandeau publicitaire du site du quotidien anglais "The Guardian" invitait les Anglais à apprendre... l'Américain : "Study English USA" !

L'alternative

Conçu pour ouvrir rapidement l’accès à une communication linguistique efficace (aucun verbe irrégulier, acquisition définitive de la bonne prononciation et de l’intonation en un temps record, simplicité de la grammaire, absence d’exceptions aux règles et de tournures idiomatiques, etc.), l’espéranto se montre supérieur à l’anglais dans maintes situations, même si son usage, en plein développement, est encore nettement moins répandu. La parfaite maîtrise de l’un n’empêche certes pas celle de l’autre. Du fait qu’il procure une ressource supplémentaire ou complémentaire, voire une solution de secours, l’espéranto représente un investissement rentable.

En République tchèque, Petr Chrdle a créé la société KAVA-PECH qui travaille en tchèque, espéranto, allemand et anglais. Cette entreprise édite des ouvrages en diverses langues. Parmi les 112 qu'elle a édités jusqu'en 2008, 52 étaient en espéranto. KAVA-PECH a en outre une activité de formations, d'organisation de congrès, de séminaires et de conférences, en particulier su l'Application de l'Espéranto dans les Sciences et les Techniques (KAEST), à laquelle participent régulièrement des dizaines de spécialistes – pour la plupart de pays européens, mais aussi des États-Unis, du Brésil ou de Corée parmi lesquels le quart sont des professeurs d'universités.

La connaissance de l'espéranto a permis à un entrepreneur français d’économiser 7500 euros sur l’achat d’une grue dans un pays de l’Union européenne par le biais du réseau espérantophone. À l’heure de la construction de l’Europe et de la mondialisation, l’espéranto représente incontestablement un atout à prendre en considération.

Publié en 1970 par Kluwer (Pays-Bas), l'"International business dictionary in nine languages" a été compilé à partir de l'espéranto et réédité à Pékin en 11 langues : "Internacia komerca-ekonomika vortaro en 11 lingvoj". Des associations spécialisées dans les applications commerciales et économiques de l'espéranto ont été fondées depuis :

  • L'Internacia Komerca kaj Ekonomia Fakgrupo (IKEF) : groupement professionnel international d'économie et de commerce
  • TAKE-ESPERANTO : Association mondiale des espérantophones professionnels du bâtiment et des travaux publics) regroupe les espérantophones, professionnels du bâtiment (de la conception à l'aménagement intérieur et extérieur) qui souhaitent collaborer et participer à l'élaboration de dictionnaires spécialisés.

En Vendée , l'entreprise GRS a un site bilingue en français et espéranto : www.grs-gravure.com

1. “I don't speak a foreign language. It's embarrassing !", Dayton, Ohio : CBS News, Maria Gavrilovic, 11 juillet 2008 http://www.cbsnews.com/blogs/2008/07/11/politics/fromtheroad/entry4254480.shtml
Vidéo correspondante : http://www.youtube.com/watch?v=4Jy_QOm2sbQ


L'espéranto et la société Triballat dans le Journal des Entreprises d'Ille-et-Vilaine (Information de Philippe Berizzi par le biais de Germain Pirlot)

LinguaForce-Triballat 2009.03.06

Cet article est paru en page 8 du numéro de mars 2009 du "Journal des Entreprises Ille-et-Vilaine" à propos de la société Triballat qui venait d'acheter la société italienne Integralimenti, laquelle sera sa première filiale étrangère.

Pour plus d'informations, contacter Philippe Bérizzi pberizzi @ linguaforce.com

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Henri Masson
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