Je suis venue sous l’azur étoilé
Ivre du temps vivace et du jour retrouvé,
A l’heure où la lumière baise mon front levé.
Mon cœur était fervent, doux et léger
Car je me coulais dans ma vie esseulée.
Je ne souffrais pas d’une parole faussée.
Cette parole qui se tait tant elle est usée
Quand les mots se meurent, abandonnés.
Je rêvais de doux vers à frôler l’âme,
Le cœur et l’esprit en joyeuse trame
Où la rime va sans bruit, sans drame
Et glisse sereine comme une rame.
J’allais lentement vers des rives moirées
Où s’agitaient les souffles de pays éloignés.
Nos lèvres confondues avaient le goût salé
Des embruns et des caprices marins.
N’être que la mélodie d’un plaisir envolé,
Un cœur abandonné au dessein inachevé !...
Des pensées se bousculent à l’ombre de mes paupières
Où sourdent des larmes chaudes et primesautières.
Alors que mon rêve n’a plus d’espace pour courir,
Que ma poésie ne suffit plus pour me secourir,
Je me dis qu’un autre m’attend pour me chérir
Et que le temps me presse de le découvrir.
Naissent des amours aux senteurs éphémères
Ténus comme des fils brodés de soie légère !
Ils laissent des empreintes comme des fissures
Qui cicatrisent et s’adoucissent, fines meurtrissures…
©Valériane