L' ancienne laiterie de Brou ( Eure-et-Loir ). 1993.

Cette photo argentique a été prise en 1993. Aujourd'hui les bâtiments ont été rasés. A la place de la laiterie a été dessiné un parcours de Swing-golf , adossé à un petit lac et à un camping. Preuve s'il en était de l' orientation inéluctable de notre pays vers un secteur tertiaire , services et loisirs , de plus en plus présent.

Sa fondation résulte d' une demande importante de lait pour les besoins d' hospices de la ville de Paris ( Brou a une gare située sur l' ancienne ligne Paris-Bordeaux ). Jusque dans les années 1940 , elle porta le nom de la famille du fondateur : " Laiterie Hauser" . En effet c' est le Docteur Achille Hauser, originaire d' Alsace , qui décida de fonder une société en commandite avec ses frères , puis de construire une laiterie à Brou , pour l' approvisionnement en lait de ses hospices. Puis elle devint " La laiterie parisienne" , les sièges sociaux étant toujours établis à Paris.
Après la Seconde guerre mondiale, le plan Marshal fit basculer la petite laiterie artisanale dans une dimension carrément industrielle. Il y eût, dans les années 1960 , jusqu' à 150 employés. Elle collectait le lait , toujours en bidons, dans un rayon de 60 kms autour de Brou , bien plus du côté percheron, que du côté beauceron du département , qui depuis longtemps ne s'occupait plus d' élevage. Elle fut une des premières laiteries françaises à mettre industriellement le lait en bouteilles et en Tétrapak ( vous vous souvenez des Tétrapack ?).

Confrontée dans les années 1960 à une coopérative laitière plus agressive, le Groupement laitier du Perche, qui payait le lait quelques centimes de plus, et qui surtout, innovait en installant des tanks réfrigérés chez les agriculteurs , elle déclina , jusqu' à être rachetée par le groupe Bel dans les années 1970. Elle ne servit plus alors que de lieu de stockage, le lait étant ensuite redistribué dans les autres laiteries du groupe, notamment à Vendôme.
La laiterie ferma définitivement ses portes en 1986.

A voir de nos jours les environs du petit chef-lieu de canton , on peut se demander , pourquoi une laiterie ici . Aujourd'hui le Perche-Göuet , parfois appelé Faux-Perche , n' est plus une région d' élevage bovin. Les petites fermes du début du siècle qui pratiquaient la polyculture , avec un troupeau d' une dizaine de vaches, ont disparues : pas rentables. Au décés du chef d' exploitation , les terres ont été rachetées par les "gros" , et les bâtiments , eux, ont fait le bonheur des parisiens ( Paris est à 130 kms ). Ainsi va la vie, ainsi va l' agriculture française...

Les bâtiments photographiés datent de 1935-1937.

www.perche-gouet.net/histoire/immeubles.php?immeuble=1523