Depuis ma fenêtre, il y a la maison d’à côté.
Une bâtisse ordinaire aux toits d’ardoises grisées,
Une façade massive en pierres usées,
Un jardin délaissé envahi d’herbes folles
Qui poussent en liberté et farandoles.
Court le lierre sur les façades fendillées.
Se devine une table, une chaise, rouillées,
Des pots de fleurs presque tous renversés.
Un saule majestueux, de ses branches fragiles
Balaient le sol sur un tapis de feuilles graciles.
Tout respire un calme, un silence tranquille.
Au-delà de ma fenêtre, il y a la maison d’à côté.
On imagine son histoire, les voix de son passé,
Des scènes que le présent pourrait redouter.
Un grincement…Un volet qui claque…
Chaque bruit garde son mystère
Comme une ombre un peu austère.
N’y a-t-il pas une présence secrète
Que l’on sent mais qui se fait discrète ?
Une lumière vacille derrière un voilage.
Un regard sans doute cachant un autre paysage.
Derrière ma fenêtre, je garde le silence
De mots invisibles sur ma feuille froissée.
Dans mes arrondis et mes déliés, ici dessinés,
Il y a comme un respect, une parole donnée.
Depuis ma fenêtre, je vois la maison d’à côté,
Dans mon imaginaire vibre son étrangeté.
Il reste des arcanes que les murs renferment,
Geôliers muets ! À jamais les gardiens suprêmes…

©Valériane