La reine, c'est elle. Pour qu'il n'y ait aucun doute sur la question, c'est sur un trône imposant, surmonté de deux "M" entrelacés que Madonna a fait son entrée sur scène hier soir à Nice, où démarrait véritablement, le "Sticky and Sweet Tour", sa septième tournée mondiale.
Après des heures d'attente sous un soleil brulant et dix minutes de Laurent Wolf sans le son pour les faire patienter , les 49 000 fans massés sur la pelouse et les gradins du stade Charles Ehrmann ont découvert en première mondiale le nouveau spectacle de la megastar planetaire. Fidèle aux superproductions qui ont fait son succès scénique, la madone n'a pas lésiné sur les moyens: une scène de 90 mètres linéaires , haute de plus de vingt mètres et encadrée de deux gigantesques "M" , des écrans géants partout, jusque sur l'avant scène (du jamais vu), 12 musiciens, 16 danseurs, un orchestre tzigane, 1,2 million d'euros de cristal Swarovski, une Rolls vintage, 9 changements de costumes (Givenchy, Tom Ford, Gucci , Miu Miu, Stella Mc Cartney, Moschino, Saint Laurent, Roberto Cavalli... on se croirait à la semaine de la Haute Couture)...
Dans cette ambiance résolument bling-bling, la chanteuse, apparue sur "Candy Shop" en guêpière, bas resille, chapeau et canne, mi- "Madame Loyal", mi-dominatrice SM, évolue dans un show plus proche du grand "pop, dance and video circus" que de la prestation musicale à proprement parler. La musique est bonne néanmoins, mélange de tubes récents et de titres plus anciens , voire obscurs ( peu de fans se souviennent sans doute de "You must love me", rescapé de la BO du film Evita). Le son est plus que correct pour un stade (les ingénieurs du son ont peaufiné les réglages tout l'après midi ) et la chanteuse... chante ! Pas toujours trés juste, certes, mais elle chante. La part de play back, que son "ami" Elton John , présent (et acclamé) dans les gradins ne s'était pas privé de railler lors des précédentes tournées, semble avoir été considérablement réduite pour celle-ci. Il est vrai que la star des dance floor s'économise aussi un peu plus question entrechats et laisse souvent ses danseurs assurer le plus gros du boulot. Ceci explique sans doute cela. Ce qui ne l'empêche pas de produire sur "Into the Groove", un numéro de cordes à sauter digne du cirque de Pékin.

Cette deuxième partie du spectacle, consacrée à ses années disco new-yorkaises, qui culmine avec "Devil Wouldn't Recognize", est la plus réussie, avant l'infernale cavalcade finale electro, au cours de laquelle s' enchainent les tubes "4 Minutes", "Like A Prayer", "Ray Of Light" , une mini version a capella d'" Express Yourself" à la demande (seul moment de communication avec le public du show) ,"Hung Up", conclu dans un fracas de guitares digne de Sonic Youth (car la Madone joue beaucoup de guitare sur cette tournée, ou du moins fait bien semblant) et "Give it 2 Me" en guise de vrai faux rappel.
Au final, même si la division du spectacle en quatre parties distinctes nuit un peu à la cohérence musicale de l'ensemble, que le début a été plutot laborieux (panne d'écrans), qu'il manque des tubes et que les références politiques (Obama vs Mc Cain) et musicales (Kaney West , Britney Spears) semblent essentiellement destinées au public américain, le show ne déçoit pas grace à une scénographie millimétrée et toujours superbement inventive. Question mise en scène, personne ne lui arrive à la cheville. Coté physique, Madonna porte encore trés bien son demi siècle et ne semble à aucun moment fatiguer le moins du monde.
Déjà prévendu depuis des mois dans le monde entier, le "Sticky and Sweet Tour" est déjà un succès financier (le précédent lui avait rapporté 200 millions de dollars, un chiffre record pour une artiste solo). Il constituera , sans aucun doute, un nouveau succès artistique dans la carrière faramineuse de la Madone et permettra de relancer les ventes un peu poussives de "Hard Candy".
Il sera bien temps ensuite de s'interroger sur la suite à y donner. Car, à 50 ans passés, on n'imagine tout de même pas qu'elle puisse continuer trés longtemps à s'exhiber en guépière à la face du monde, toute Madonna qu'elle soit.



La setlist :
Intro
- Candyshop
- Beat Goes On
- Human Nature
- Vogue

-Die Another Day

- Into The Groove
- Heart Beat
- Borderline
- She's Not Me
- Music
-Devil wouldn't Regognize Me

- Spanish Lesson
- Miles Away
- La Isla Bonita
- Doli Doli
- You Must Love Me

- 4 Minutes
- Like A Prayer
- Ray Of Light
- Hung Up
- Give It 2 Me