Ce n’était pas la peine de déplacer Quentin Tarantino et d’inventer un hommage artificiel au western spaghetti en projetant «Pour une poignée de dollars» à la cérémonie de clôture.Dernier film en compétition, Sils Maria aurait plus que parfaitement rempli cette fonction. Le nouveau film d’Olivier Assayas (Irma Vep, Demonlover, Clean, Carlos...) avait toutes les qualités requises pour faire un grand film de clôture, à défaut d’une palme...
A 18 ans, Maria Enders (Juliette Binoche), actrice alors débutante, a connu son premier grand succès en jouant dans la pièce d’un dramaturge célèbre qui vient de mourir.Elle y incarnait Sigrid, une jeune fille au charme vénéneux, qui séduisait sa patronne d’âge mur, Helena, puis la quittait, la poussant au suicide.Vingt ans plus tard, un jeune réalisateur en vogue (Lars Edinger) veut remonter la pièce en confiant à Maria le rôle d’Helena, tandis que Sigrid serait incarnée par la nouvelle coqueluche d’Hollywood, Jo-Ann Ellis (Chloe Grace Moretz), une jeune actrice trash à la réputation sulfureuse. Bien qu’hésitant à iaccepter ce rôle de femme d’age mur après avoir été une inoubliable Sigrid, Maria profite de son séjour à la montagne, où elle est venue rendre hommage au dramaturge décédé, pour répéter la pièce, avec l’aide de sa jeune assistante Valentine (Kristen Stewart).Mais à mesure qu’avancent les répétitions, la frontière entre fiction et réalité devient floue et les relations entre les deux femmes se tendent...
Olivier Assayas avoue s’être inspiré de Bergman et de Fassbinder pour mettre en scène ce drame psychologique sur fond de montagne suisses qui explore, avec plus de subtilité et de profondeur que Maps To The Stars (David Croneneberg, également en compétition), le rapport à la célébrité et au temps qui passe. La photographie est superbe, la mise en scène d’une belle fluidité, les dialogues sont soignés, la confrontation entre Juliette Binoche et Kristen Stewart tient toute ses promesses et l’arrivée de Chloe Grace Moretz ajoute une dimension supplémentaire à cette mise en abime déjà un tantinet vertigineuse. On ne sait pas si ça passionnera vraiment les foules en salles au mois d’août, mais pour terminer ce 67e Festival de Cannes, c’était le film idéal.