Le nouveau film d’Atom Egoyan, Canadien favori du Festival (déjà cinq fois sélectionné en compétition avec Exotica, De Beaux lendemains, Le Voyage de Félicia, La vérité nue et Adoration), raconte l’enlèvement d’une petite fille (Peyton Kennedy/Alexia Fast), dont les parents retrouvent la trace huit ans après et découvrent qu’ils étaient observés pendant tout ce temps par leur fille et ses ravisseurs.
Fraîchement accueilli lors de la projection de presse, Captives ne laissera probablement pas de trace au palmarès (un prix du scénario éventuellement), mais méritera d’être vu en salles à sa sortie (1er octobre) pour ce qu’il est : un thriller glacé et glaçant, maîtrisé de bout en bout et doté d’un casting affriolant (Ryan Reynolds et Mireille Enos dans le rôle des parents, Rosario Dawson et Scott Speedman dans celui des flics anti pédophiles).
Egoyan, qui malaxe une nouvelle fois ici ses thèmes habituels (disparition, perte de l’innocence, culpabilité, pouvoir des images), n’a pas son pareil pour installer une atmosphère anxiogène, prendre le spectateur à la gorge et ne plus le lâcher. C’est exactement ce qu’il fait, « atomisant » la narration pour mieux « captiver » le spectateur.
L’originalité du scénario, par rapport aux nombreux « films d’enlèvement » que l’on a pu voir ces dernières années, est d’installer un jeu pervers de miroirs entre les ravisseurs (qui observent les parents pour mieux jouir de leur souffrance), la malheureuse victime (contrainte à recruter de nouvelles proies sur Internet, un écran installé dans sa cellule diffuse en permanence les images de ses parents filmés à leur insu) et la police qui traque les kidnappeurs sur le Web.
Pour mieux montrer le pouvoir corrupteur des images, le réalisateur canadien imagine même un flic, à bout de ressources, finissant par utiliser sa propre nièce comme appât sur le Net! Le propos est aussi limpide que la narration est complexe, le miracle du film étant qu’à aucun moment les ficelles du polar ne paraissent trop grosses.
Captive, auquel le titre français a judicieusement rajouté un « s » (puisque tout le monde est prisonnier de son rôle), est le meilleur film qu’Atom Egoyan ait présenté à Cannes depuis De beaux lendemains (Grand prix 1997). S’il n’en a pas tout à fait la profondeur, il en possède les qualités formelles.