Dans le nouveau film de Fred Cavayé (Pour Elle, À bout portant), Mea Culpa, Vincent Lindon et Gilles Lellouche, réunis pour la première fois à l’écran forment un duo de polars digne des Belmondo-Delon et des Giraudeau -Lanvin de belle mémoire. Dans la vie aussi, ces deux-là, qui ne se fréquentaient pas avant le tournage, semblent devenus inséparables.C’est donc ensemble qu’on les a rencontrés pour une interview croisée…


Un thriller à la française, ça vous tentait?
Vincent Lindon : Je n’ai jamais fait de thriller, mais j’en avais envie depuis très longtemps. J’ai attendu jusqu’à ce que celui la m’arrive. J’étais déjà accroché comme lecteur déjà par l’histoire. Je frémissais en lisant le scénario. Et je n’ai pas été déçu par le film.On est scotché au fauteuil. C’est comme un tour de Grand Huit. En plus de l’action, il y a ce côté humain et social que j’aime dans les films français.

Gilles Lellouche : J’avais déjà donné dans À bout portant et j’étais prêt à re-signer tout de suite.C’est comme de se retrouver en 5e dans la cour de l’école, à jouer aux flics et aux voyous.J’adore.


Il parait que le tournage a été assez physique.Vous aimez vous faire mal?

Vincent Lindon : Si on ne se faisait pas un peu mal dans ce genre de films, ce serait mauvais signe. Comme un match de tennis dans lequel on ne transpirerait pas. J’adore m’épuiser de boulot. Quand je ne suis pas fatigué le soir, je me dis que j’ai oublié de faire un truc. Là, j’étais servi.

Gilles Lellouche : ça fait un peu partie du métier, mais là oui j’ai vraiment aimé me faire mal. Devant la caméra, on a toutes les audaces, on se surpasse, on fait les choses qu’on n’oserait jamais faire autrement. On joue aussi avec la douleur. Les bleus et les bosses, c’est comme des médailles, après un combat : ça donne des souvenirs héroïques du tournage.

Qu’ avez vous appris l’un sur l’autre sur ce tournage?
Vincent Lindon : Gilles m’a appris à lâcher un peu prise, à déléguer plus, à faire plus confiance aux autres. Il m’a fait gagner du temps sur ce tournage.Sinon, comme acteur, il est tellement doué que c’en est presque mal élevé. Le jour où il va se mettre à travailler vraiment il va laisser tout le monde sur place. Un duo comme celui-là, j’en rêvais depuis 30 ans.

Gilles Lellouche : Vincent fait partie de mes mentors.Au Cours Florent, j’aimais déjà sa façon de raconter son métier.Il me donnait encore plus envie de le faire. Il y a forcément quelque chose de lui dans ma façon de jouer. En plus, c’est l’acteur préféré de mon père! J’étais donc acquis à la cause et très fier d’être à ses côtés.Je l’ai beaucoup observé et je n’ai pas été déçu. Il est toujours à 4700 %.Chaque scène doit être transcendante, chaque seconde de pellicule compte. J’ai rarement vu quelqu’un qui aime autant jouer.Ca a été une expérience inouïe pour moi.

Vos polars préférés au cinéma?


Vincent Lindon : L’enfer est à lui et Le cercle rouge
Gilles Lellouche : Heat et Les Anges de la nuit.

Vos pronostics pour les Césars?

Vincent Lindon : Neuf Mois Ferme d’Albert Dupontel pour le meilleur film. C’est tellement culotté, ambitieux et transgressif! Je suis content que le public l’ait aimé.Alabama Monroe pour le film étranger, magnifique tout simplement.Et Sur le chemin de l’école pour le documentaire, parce qu’on devrait le montrer dans toutes les écoles, justement.

Gilles Lellouche : hélas, j’ai oublié de cotiser et du coup je n’ai pas reçu le coffret de DVDdes César.Il va falloir que je l’emprunte, parce que j’ai tellement travaillé cette année que je n’ai pas eu beaucoup l’occasion d’aller au cinéma.