Au cours d’une traversée en solitaire sur l’Océan Indien, un plaisancier (Robert Redford) découvre, à son réveil, que la coque de son voilier de 12 mètres a été percée lors d’une collision avec un container flottant à la dérive. Le bateau prend l’eau et il se trouve à des centaines de miles des cotes sur une voie de navigation très peu fréquentée…

Après le génial Margin Call, meilleur film sur la crise financière, J.C Chandor étonne encore avec ce projet fou de survival marin, quasiment sans paroles, dont Robert Redford incarne l’unique personnage. Pendant près de deux heures, on assiste au combat acharné d’un homme seul contre les éléments et le destin pour éviter le naufrage et sauver sa peau. C’est Gravity sur mer : sans effets spéciaux, sans 3D, sans paroles et sans explications. On ne sait et ne saura rien du héros: ni qui il est, ni d’où il vient, ni où il va.Qu’il sauve sa peau ou se noie, on ne pourra conclure qu’une chose: qu’il s’est battu jusqu’au bout.
Cela paraîtra sans doute difficile à croire, mais on ne s’ennuie pas une seconde.Chandor réussit l’exploit de ne jamais relâcher la tension et de faire se cramponner le spectateur à son fauteuil comme à une bouée de sauvetage, pendant près de deux heures. Impossible de détacher le regard du visage buriné de Redford, accomplissant sans se décourager, avec un calme imperturbable, les gestes qui pourront peut être lui éviter de sombrer, tandis que les éléments se déchaînent.Bien que minimaliste, sa performance muette mériterait un Oscar.
Pourtant, le film, que l’on a découvert à Cannes en séance spéciale, laisse, avec le recul, une impression mitigée.Tant de talent déployé de part et d’autre de la caméra pour démontrer quoi? Que la plaisance c’est dangereux? Que l’instinct de survie est plus fort que tout? Que tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir? C’est un peu court. Sauf à y voir une parabole apocalyptique (Sauve qui peut, nous coulons!), All is Lost n’est, au final, qu’un exercice de style. Brillantissime mais vain.