Révélée par son rôle de débutante schizophrène dans Mulholland Drive de David Lynch, Naomi Watts incarne Lady Di dans le film d’Oliver Hirschbiegel (La Chute), qui raconte l’histoire d’amour impossible de la princesse avec le chirurgien pakistanais Hasnat Khan, quelque temps avant sa mort tragique en 1997 à Paris. Une romance à l’eau de rose, qui vaut surtout pour l’interprétation étonnamment réaliste qu’en donne Naomi Watts. Bien qu’ayant été élevée en Australie, l’actrice est anglaise de naissance, ce qui n’a paradoxalement pas facilité les choses, comme elle nous l’a confié un peu contrite, quelques jours après que le film a été méchamment éreinté par la critique dans son pays d’origine…

Quelle image aviez-vous de la princesse Diana avant de l’interpréter?

J’ai toujours beaucoup aimé et admiré cette femme, ce qu’elle a fait tout au long de sa vie pour des causes généreuses, l’empathie qu’elle avait avec les gens, son engagement contre le sida et les mines antipersonnel… J’ai été très choquée par sa mort et je suis fascinée par le fait que, seize ans après, on s’interroge toujours sur elle et sur les circonstances tragiques de son décès.

Avez-vous hésité à accepter le rôle?

Ma première réaction a été la peur devant le défi que représentait le fait de jouer la femme la plus célèbre du monde. C’est quelqu’un que tout le monde a le sentiment de connaître, il me fallait donc trouver un angle pour l’aborder. Mais une fois que je me suis décidée à le faire, j’ai foncé sans trop me poser de questions. Quand on passe à l’acte, en tant que comédien, il y a des libertés qu’on doit prendre. Je les ai prises, mais avec toujours le souci de donner d’elle la représentation la plus respectueuse et la plus digne, en collant au maximum à la réalité, même s’il ne s’agit absolument pas d’un documentaire.

Comment l’avez-vous travaillé?

Je me suis documentée sur sa personnalité en lisant ce qui a été écrit sur elle. Mais, pour la jouer, je me suis surtout inspirée de l’interview qu’elle avait donnée à “ Panorama ”, et que l’on voit dans le film. Elle y évoquait des choses très profondes et graves, avec beaucoup de maîtrise et de répartie. Je me suis repassé cette interview en boucle, de façon quasi obsessionnelle, pour étudier ses yeux, sa gestuelle et surtout sa voix et son accent. Ca a été le plus grand défi que j’ai eu à relever depuis que je fais du cinéma. Ma mère, d’ailleurs, me disait que je n’y arriverais jamais! (rires) Il me fallait trouver une vérité du personnage. Pour cela, j’ai fait confiance à mon instinct : j’ai collé à ce que je pensais être la vérité.

Avez-vous pensé à la réaction de ses fils en voyant le film?

J’y ai pensé tout le temps, avant, pendant et après le tournage. Je voulais surtout ne pas les embarrasser, ni les attrister. J’imagine quand même qu’ils s’attendaient à ce qu’un jour ou l’autre, étant donné le destin de leur mère, un film de ce genre soit tourné sur elle. Et puis, ils sont adultes aujourd’hui…

Comment analysez-vous l’échec de sa relation amoureuse avec cet homme? Leur rupture est-elle, selon vous, plus imputable à la religion, à la famille, à la célébrité?
Je crois que beaucoup d’obstacles se dressaient devant eux, et que tous deux en étaient très conscients. La tragédie que raconte le film c’est qu’ils en étaient arrivés à un point où ils ne pouvaient absolument plus vivre leur amour. C’était, apparemment, un problème sans solution. Mais comment savoir ce qui se serait passé si elle n’avait pas été victime de cette mort brutale à Paris? Auraient-ils renoué? Peut-être bien, après tout : ils avaient déjà rompu plusieurs fois sans pouvoir se quitter tout à fait et avaient repris leur relation. Ils auraient très bien pu recommencer.