Dix ans après avoir déjà sérieusement échauffé le Festival avec Swimming Pool (Ludivine Sagnier dans un de ses rôles les plus hot), François Ozon est (enfin) de retour en compétition avec un nouveau sujet scabreux : la prostitution occasionnelle chez les étudiantes.
Soit Isabelle (Marine Vacth), « jeune et jolie » ado de 17 ans, en vacances d’été dans le Var avec ses parents et son jeune frère, légèrement voyeur (il ne se sépare jamais de ses jumelles). Elle perd sa virginité sur la plage avec un jeune allemand, expérience décevante, pouvant peut-être expliquer la suite (À moins qu’il ne s’agisse d’une métaphore des rapports franco-allemands?).
Toujours est-il qu’on la retrouve, l’automne venu, à Paris, faisant le tapin dans les hôtels entre deux cours au lycée. Elle n’a pourtant pas besoin d’argent, ses parents (Géraldine Pailhas, Frédéric Pierrot), couple bobo recomposé, subvenant largement à ses besoins, qui sont modestes (elle traîne la même parka et le même jean d’un bout à l’autre du film, ne s’habillant en femme que pour les besoins de son petit job d’Escort sur Internet). Pourquoi se livre-t-elle alors à la prostitution, d’abord avec dégoût puis de plus en plus régulièrement? Mystère de la sexualité féminine. On ne saura rien de ses motivations profondes, même lorsque, le pot aux roses découvert, Isabelle sera obligé de faire une psychothérapie…
D’une facture étonnamment classique pour François Ozon, que l’on a connu plus audacieux (Ricky), voire kitsch (8 Femmes, Potiche), Jeune & Jolie se laisse pourtant voir, grâce à Marine Vacth, dont on peut déjà parier qu’elle sera LA révélation féminine de ce Festival.Un physique à la Laetitia Casta et une présence digne de Julia Roberts! Le twist final sauve également le film de la banalité du dossier sociétal.Alors qu’on s’acheminait vers un happy-end en forme d’amourette convenue, avec un garçon de sa classe, Ozon s’amuse à faire prendre à son film un tour nouveau, sur le Pont des Arts, dit « pont aux cadenas ». Comme s’il y avait trouvé, tardivement, la clé de son récit.