À chaque génération son Gastby. Celui de Jack Clayton en 1974, avec Robert Redford dans le rôle-titre, préfigurait déjà les clinquantes années 80.Celui de Baz Luhrmann s’annonçait aussi bling-bling qu’un clip de Beyoncé. Il l’est, mais pas que.
Première bonne surprise : la BO.On craignait le pire et c’est presque le meilleur. Le R’n’B remplace le jazz dans lequel baignait le roman, sans en dénaturer l’ambiance. Elle n’est jamais envahissante, ni criarde, comme avait pu l’être celle de Moulin Rouge!
Deuxième bonne surprise : la 3D.Pas forcément vitale pour un film d’époque, elle enrichit pourtant l’image sans la surcharger.
Troisième bonne surprise : l’adaptation. Fidèle sans être servile, elle restitue la dimension littéraire de l’œuvre et renvoie sans arrêt au roman.A l’instigation du médecin qui le traite pour alcoolisme, le jeune héros Nick Carraway (Tobey Maguire), couche les souvenirs de l’été traumatique qu’il vient de vivre et raconte l’histoire d’amour tragique de Jay Gatsby (Leonardo DiCaprio) et de Daisy Buchanan (Carey Mulligan). À intervalles réguliers, les textes qu’écrit Nick s’inscrivent en surimpression sur l’écran, complétant le récit en voix off.
Au chapitre des réussites encore, le casting : Leonardo DiCaprio campe un Gastby plus que parfait, à la fois flamboyant et fragile.Tobey Maguire est impeccable dans le rôle de Nick, Carey Mulligan (découverte dans Drive) rend parfaitement l’inconséquence de son personnage de pauvre petite fille riche et Elisabeth Debicki est une révélation dans celui de son amie golfeuse, Jordan Baker.
Pour en venir enfin à la mise en scène, on n’attendait pas du réalisateur de Romeo + Juliette et de Moulin Rouge! qu’il fasse dans la dentelle.De fait , toute son artillerie lourde est déployée d’entrée.Les deux premières scènes d’orgie dans la garçonnière de Tom Buchanan et de fête dans le palais de Gatsby, en mettent littéralement plein la vue. Idem pour les scènes de voiture, qui pourront donner le mal des transports aux estomacs fragiles.
Dans la deuxième partie du film, fort heureusement, l’Australien calme le jeu et laisse se dénouer les films de l’intrigue amoureuse, sans en faire trop. On lui en sait gré.
Alors, bien sûr, on pourra regretter que l’adaptation édulcore le coté sombre du roman et que le film manque de profondeur.Mais peut-on raisonnablement attendre cela, aujourd’hui, d’un blockbuster Hollywoodien à 120 millions de dollars? A la place, ce Gastby 2013 offre du grand spectacle et, disons-le, beaucoup de plaisir.C’est un film bling-bling, mais pas kitsch, qui redonne au roman de Fitzgerald une nouvelle modernité et donnera peut-être envie aux spectateurs de le (re) lire.
Pouvait-on rêver meilleure ouverture pour un Festival qui s’annonce aussi festif que glamour ? Probablement pas.Faut-il aller voir le film en salles? Franchement, oui !