Cinéma- Avec six statuettes, le film muet de Michel Hazanavicius est le grand vainqueur de la 37e soirée des César, mais le César du meilleur acteur échappe à Jean Dujardin


La 37e cérémonie des César du cinéma français promettait un suspens exceptionnel: elle n'a pas déçu. Après une année particulièrement faste en termes de fréquentation (215,6 millions d'entrées) et de qualité de production, avec des films ambitieux qui ont su toucher le public, aucun favori ne se dégageait vraiment des nominations, contrairement à l'année passée où le film de Xavier Beauvois, Des Hommes et des dieux, avait fait l'unanimité. Cette année, le suspens sur le choix du meilleur film se doublait, dans l'esprit du public du moins, d'un duel inattendu pour le Cesar du meilleur acteur. Qui de Omar Sy, révélation d'Intouchables, la comédie aux 19 millions d'entrées ou de Jean Dujardin, concurrent de Brad Pitt et George Clooney aux Oscars, allait l'emporter ? Il fallut attendre, comme chaque année, la toute fin de la cérémonie et supporter la litanie des prix annexes, des remerciements et des gags plus ou moins vaseux pour le savoir. The Artist est le grand gagnant de la soirée avec 6 statuettes dont celles du meilleur film, du meilleur réalisateur, de la meilleure actrice (Bérénice Béjo, enfin !) et de la meilleure musique. Mais le César du meilleur acteur échappe à Jean Dujardin, qui se rattrapera peut-être demain aux Oscars où il fait figure de favori. L'Académie des César lui a préféré une révélation : Omar Sy , plus connu jusqu'ici pour ses talents d'humoriste à Canal Plus, mais qui a fait fondre le public dans Intouchables. Le film lui doit une grande partie de son phénoménal succès (Plus de 19 millions d'entrées).
Le grand oublié de la cérémonie est certainement Polisse, le film de Maiwenn sur la brigades des mineurs , qui faisait figure de favori avec 13 nominations. Il repart avec deux seulement (montage et second role féminin ex aequo). Un camouflet pour la réalisatrice primée à Cannes. Idem pour Pierre Schoeller et l' Exercice de l'Etat (11 nominations, 3 César). Parmi les autres Césars, on retiendra particulièrement celui du film d'animation accordé au Chat du Rabbin du niçois Joann Sfar ( déjà primé l'an dernier pour son premier film: Gainsbourg, Vie Héroïque) , Tous au Larzac, le formidable documentaire de Christian Rouaud et le César d'honneur remis à Kate Winslet, l'inoubliable héroïne de Titanic. Enfin, l'hommage rendu à Annie Girardot a été un des temps forts d'une cérémonie plutot distrayante et marquée par l'apparition surprise de Mathieu Kassovitz qui avait trés mal pris la non selection de son film (L'ordre et la Morale) et l'avait fait savoir en termes fleuris. En guise de réconciliation (ou de pénitence?), le bad boy du cinéma français a remis le César de la meilleure photo à ... The Artist.