Marre. J'en avais vraiment marre.
Il y a des jours comme ça où on peut en avoir marre de cette petite vie, de ce boulot précaire et de ces petites envies qui égrainent notre quotidien …

Partir. Moi, je voulais partir et prendre la route.
Oui, aller loin, très loin ailleurs d'ici … Partir et fuir mon quartier, mes voisins bruyants et le train-train de ma vie que je n'aimais vraiment pas …

Ce matin, j'avais tout mis dans ma vieille bagnole.
Mes quelques souvenirs, mon baluchon et me voilà sur la route, sur une route de campagne dont le soleil matinal avait fini par me réveiller …

Les kilomètres défilaient devant moi et j'étais encore d'une humeur maussade …
Le mauvais café que j’avais préparé n'avait, c'est vrai, pas vraiment réussi à me redonner l'envie de croire que j'avais eu raison de partir.

Certes, devant mes yeux, je voyais défiler depuis quelques heures un paysage monotone de campagne et de verdure.
Une campagne déserte et sans âme qui vive, sans vie, sans contacts possible ni chaleur humaine ... Un peu comme ma vie quoi … il y a des jours comme ça.

Le balancier de la route et des amortisseurs de ma traction avaient, eux, réussi à me dorloter un peu et, ma foi, c'est déjà ça …

J'en profitais alors pour rêvasser, faire le bilan et revoir devant moi le film de ma vie.
Mon grand amour avec Simone, nos années heureuses, l'arrivée de nos enfants, les engueulades, notre divorce et puis la séparation, l'absence et l'isolement …
Toute cette vie cabossée qui est devenu la mienne …
Oui, il y a des jours comme ça …

Demain, là-bas, je vais essayer de me reconstruire, refaire ma vie, avoir un bon travail et revoir peut-être mes enfants …
Demain, c'est ça demain, je ne sais pas … on verra bien …


Octobre 2014