Je me présente, je m'appelle Pierre et je suis le berger d'un troupeau de chèvres.

Chaque jour, je fais paitre mes chèvres dans une grande plaine du nord de Vence sur la côte d'Azur. C'est un métier qui me plait bien.

Tout jeune déjà, j'accompagnais mon père dans les pâturages et nous restions, là tous les deux, des heures durant, dans le silence sous un olivier.

Quelque fois et s'il était dans ses bons jours, il se laissait aller à me raconter des histoires, des anecdotes vécues … et ces moments de partage avec lui resteront pour moi, je crois, de ces instants privilégiés que j'ai pu vivre avec lui.

J'étais donc là, avec mes moutons, à rêvasser comme à mon habitude quand, tout d'un coup, une grande bourrasque de vent, venu de la mer, est venu emporté mon chapeau … jusqu'au sommet d'un arbre à quelques lieux de là.

Ce vent coquin m'avait joué un tour mais, moi, je n'avais pas vraiment le choix : Le soleil était encore à son zénith et je devais protéger ma calvitie naissante. Ni une ni deux, me voilà en train de grimper à cette arbre remontant, branche par branche, jusqu'au mon chapeau.

Le vertige m'avait envahi peu à peu et le bois craquait sous mon poids. Je dois vous avouer que, là, je ne faisais pas vraiment le fier …

De longues minutes s'étaient écoulés et je n'étais plus qu'à quelques centimètres de mon maudit chapeau et c'est à ce moment là que j'ai remarqué que, en bas en dessous de moi, un homme et une femme étaient en train de s'installer, sur l'herbe, à l'ombre de cet olivier.

Je marquais le silence malgré moi et je me retrouvé témoin de ce couple en train de se bécoter. ...

Les heures se passent, la nuit est déjà là et je ne sais plus quoi faire … Je voudrais bien essayer de descendre mais je ne voudrais pas, non plus, rompre ces moments d'intimité …

Il faudra bien que je me décide enfin. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ma situation est, pour le moins, inconfortable ...

...


Marc Chagall - Paysans de Vence (1964)

www.mascoo.com/userfiles/0739918001213717892.jpg