La fenêtre de la maison paternelle
Autour du toit qui nous vit naître
Un pampre étalait ses rameaux;
Ses grains dorés, vers la fenêtre,
Attiraient les petits oiseaux.
Ma mère, étendant sa main blanche,
Rapprochait les grappes de miel,
Et les enfants suçaient la branche,
Qu'ils rendaient aux oiseaux du ciel.
L'oiseau n'est plus, la mère est morte;
Le vieux cep languit jaunissant,
L'herbe d'hiver croît sur la porte,
Et moi je pleure en y pensant.
C'est pourquoi la vigne enlacée
Aux mémoires de mon berceau,
Porte à mon âme une pensée,
Et doit ramper sur mon tombeau.
Alphonse De Lamartine (1790-1869)
Autour du toit qui nous vit naître
Un pampre étalait ses rameaux;
Ses grains dorés, vers la fenêtre,
Attiraient les petits oiseaux.
Ma mère, étendant sa main blanche,
Rapprochait les grappes de miel,
Et les enfants suçaient la branche,
Qu'ils rendaient aux oiseaux du ciel.
L'oiseau n'est plus, la mère est morte;
Le vieux cep languit jaunissant,
L'herbe d'hiver croît sur la porte,
Et moi je pleure en y pensant.
C'est pourquoi la vigne enlacée
Aux mémoires de mon berceau,
Porte à mon âme une pensée,
Et doit ramper sur mon tombeau.
Alphonse De Lamartine (1790-1869)
Quant à moi, j'avais appris le Lac et celui-ci :
L'AUTOMNE
Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure !
Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards !
Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire,
J'aime à revoir encor, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
Perce à peine à mes pieds l'obscurité des bois !
Oui, dans ces jours d'automne où la nature expire,
A ses regards voilés, je trouve plus d'attraits,
C'est l'adieu d'un ami, c'est le dernier sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour jamais !
Ainsi, prêt à quitter l'horizon de la vie,
Pleurant de mes longs jours l'espoir évanoui,
Je me retourne encore, et d'un regard d'envie
Je contemple ses biens dont je n'ai pas joui !
Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,
Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau ;
L'air est si parfumé ! la lumière est si pure !
Aux regards d'un mourant le soleil est si beau !
Je voudrais maintenant vider jusqu'à la lie
Ce calice mêlé de nectar et de fiel !
Au fond de cette coupe où je buvais la vie,
Peut-être restait-il une goutte de miel ?
Peut-être l'avenir me gardait-il encore
Un retour de bonheur dont l'espoir est perdu ?
Peut-être dans la foule, une âme que j'ignore
Aurait compris mon âme, et m'aurait répondu ? ...
La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire ;
A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux ;
Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu'elle expire,
S'exhale comme un son triste et mélodieux.
Méditations poétiques
Ecrit par Alphonse de LAMARTINE
Tous droits réservés ©e de Lamartine !
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