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Cette fois, nous faisons entrer la voiture dans le jardin, vérifions que la grille est bien fermée pour que le petit chien de la logeuse ne puisse s'enfuir. C'est lui qui nous accueille à l'ouverture de la porte.

Les odeurs de cuisine arrivent jusqu'au seuil. Nous avons tous une grosse faim après ce long voyage. A midi nous avons mangé dans un restaurant au bord de la Bierbza une viande panée, spécialité polonaise, avec de grosses frites. De quoi tenir l'après-midi mais rien de très appétissant. Ce soir, par contre, l'odeur, à elle seule, rembourse la peine de ce voyage. Une odeur qui donne l'eau à la bouche, qui nous fait redécouvrir l'importance du nez, une odeur qui rappelle celle de l'enfance, des fins de semaine chez grand-mère. Une odeur de bonne soupe ou se mêlent pommes de terre et poireaux, oignons et lards, carottes et autres petits légumes.

Avec un sourire lumineux la logeuse nous invite à nous débarrasser de notre attirail de photographes et nous fait comprendre qu'il faut nous dépêcher. C'est encore chaud.

Nous prenons place dans la petite salle à manger autour d'une table pour six personnes. Une entrée de tomate est placée au milieu des assiettes creuses et des verres. La propriétaire nous distribue de petits verres et les remplis d'une grosse larme d'un alcool blanc, lève son verre et nous souhaite la bienvenue dans un anglais parfait.

- "Welcome !"

Nous lui répondons tous : "welcome".

Nous buvons le breuvage. C'est fort mais c'est bon. Patrice nous informe qu'il s'agit d'une vodka. Il en existe des centaines mais celle ci :

- "C'est la meilleure".

Nous la buvons (avec modération).

La soeur de l'hôtesse s'affaire dans la cuisine et appelle. Notre logeuse la rejoint, ressort aussitôt avec une grosse soupière qu'elle dépose sur la table et retourne près de sa soeur.

Elle nous laisse nous servir. Placées sur les meubles qui nous entourent, la photo du pape et les photos de famille sont les seules à nous surveiller désormais. Nous nous servons chacun notre tour. La soupe est d'un rouge inhabituel pour une soupe. C'est une soupe de betterave. La propriétaire nous accueille avec la soupe nationale polonaise.

Première bouchée, premier plaisir. Le goût de la betterave est présent mais pas seulement, la soupe sent légèrement le céleri et l'oignon. Les morceaux de carottes qui ont échappé à l'écrasement de la cuisinière sont savoureux, ils donnent un peu de solide dans ce mélange liquide. Nous en prendrons plusieurs fois et quand la propriétaire revient de sa cuisine, elle est heureuse de constater qu'il ne reste rien de son travail de l'après-midi.

Nous finissons le repas heureux. Nous n'avons pas parlé de photo mais de cuisine. Demain sera un autre jour, il faut se lever de bonne heure. Nous partirons avant la levée du soleil. Nous trouvons sans mal le sommeil malgré les ronflements de Claude.

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