Mon voisin du dessous est un retraité qui picole et joue au PMU. Il n'a pas vraiment bon caractère.

Ce soir j'entends les bruits de pas de plusieurs personnes dans l'escalier, qui parlent entre elles.

"C'est quelle porte ?" etc...

Ils finissent par frapper à sa porte.

- "Monsieur, ouvrez cette porte, on est armés !" (des tazers, ils le précisent plus tard).

-"Vous avez menacé un de vos voisins d'une hache, monsieur, ouvrez !" (hum, pas moi, je précise).

Il ouvre. Ils répètent plusieurs fois l'accusation, mon voisin bredouille des trucs peu intelligibles. Ils finissent par lui dire "On va vous emmener en garde à vue. Ne faites aucun geste vers la hache". Un gars appelle au talkie le commissariat qui est à trois rues de là, façon Starsky et Hutch : "On a trouvé le suspect. La hache est sur un guéridon à un mètre de l'entrée".

Nouveau psychodrame : "Où sont vos clés, monsieur ?" (répété cinq ou six fois). Les clés étaient derrière la porte, mon voisin (qui fait un peu de résistance passive, j'imagine) finit par leur montrer (ils n'auraient pas trouvé tout seul). Ils l'engueulent de ne pas avoir répondu dès la première fois. Il est plutôt résigné, il évite de faire des vagues mais bon il a dû hausser le ton une ou deux fois, vu qu'un des cowboys dit : "Je sens de l'aggressivité, on va lui mettre les menottes" (il pourrait se les passer lui-même dans le dos, à ce compte-là).

Ils descendent, je regarde par ma fenêtre qui donne sur la rue : ils sont venus avec un car et une bagnole, à six, pour arrêter un petit vieux. Je vois mon voisin passer et monter dans le bus les mains menottées dans le dos. Il va passer une sacrée nuit.

J'imagine ça comme ça : ils vont lui faire répéter 20 fois la même déposition, et s'ils sont de bonne humeur, mon voisin partira sans ecchymose. S'il y a lieu de le faire, je lui proposerai de témoigner qu'il était en bonne santé au moment de son arrestation. Non pas qu'on ait de bonnes chances d'obtenir gain de cause en cas de bavure, mais bon.

Bref, sacrée soirée dans le XIVe arrondissement.