Il y a des jours comme ça où l'on se sent béni des dieux...Un soleil à mourir, une brise printanière qui vous flatte tendrement la fourrure, la vie est belle...
Arthur est vautré sur le muret, les yeux mi-clos, il savoure... Que va-t-il faire en ce matin prometteur? Une petite balade, peut-être ? Et si on allait voir si les perce neige sortent? Il y a des parfums qui ne trompent pas, le printemps charmeur est proche...Les oiseaux sont fous...
Bonheur...Il s'étire paresseusement. Voyons à droite ou à gauche ? A droite, l'irlandaise foldingue va encore se déchaîner... On n'a jamais vu un setter aussi raciste. A gauche, avec un peu de chance, Starsky, la labrador est derrière, à enterrer ses os de poulardes de Bresse. Bon, allez, c'est dit. A gauche. On va aller voir dans la pièce d'eau du voisin si les grenouilles sont belles cette année. Avec ce temps, elles ont du se reproduire un max, non ? Et puis lui, au moins, il n'a pas de chien... ni de chat d'ailleurs... On est tranquille...
Il fait quand même un large détour pour éviter Starsky, super! Elle n'est pas là! Peut-être que ses os ont fleuri? Arthur saute la clotûre. Dieu qu'il est beau, ce jardin! Toutes sortes de buissons plus odorants les uns que les autres, le long de la pièce d'eau. Se gratter les narines dessus est un vrai délice... De touffe en touffe, Arthur progresse dans le jardin d'Eden. En fait, il y a peu de bourgeons.
Un peu tôt encore. Allez, on va voir ailleurs...
Soudain, Arthur vacille. Une douleur intolérable l'envahit. Fuir! Mais sa jambe gauche n'obéit plus, elle pend, se couvre de sang... Il ne comprend rien. D'où lui vient cette souffrance insoutenable? Il n'a rien vu... Maman, vite, maman, la maison! La terreur lui donne des ailes, le soulève, le galvanise... il réussit à bondir sur la route et à se traîner vers le havre qui l'attend...
Il voudrait des câlins mais maman le saisit, l'enveloppe dans une serviette... Pourquoi la voiture? Cette fois, Arthur panique. C'est quoi, le but du voyage?...
C'était un si beau jour...